31 décembre 2010

Pearltrees : l'organisation d'une bibliothèque ouverte

Pearltrees est un outil visuel très sophistiqué mais gratuit d'édition (voire de curation) permettant d'organiser des contenus en grappes de données, selon une thématique particulière. Ces grappes de données, appelées des perles, viennent à former un arbre (la thématique) d'où le nom  "arbres de perles" ou Pearltrees.

Le curateur de contenus est un éditeur qui cherche, filtre, organise et présente des informations selon des attentes et des contextes particuliers. (Si vous n'êtes pas encore familier avec ce terme, voir mon billet à ce sujet ici).  La curation de contenus vise d'abord des objectifs qualitatifs, stratégiques et sociaux. Pearltrees permet ce traitement particulier de l'information.

Pour voir de quoi il s'agit, voici mes perles organisées selon une des mes thématiques favorites intitulée: Curateur de contenu. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.


On remarque qu'à titre d'utilisateur de Pearltrees, ma thématique "Curateur de contenu" ainsi que mon avatar sont placés au centre dans une perle plus grande que les autres. En périphérie, on retrouve diverses plus petites perles ou ressources du web (billets, articles, analyses, etc.) que j'ai triées et que je juge pertinentes. On y retrouve aussi des pearltrees d'autres utilisateurs avec lesquels je partage des affinités pour la thématique en question.

Ainsi, en bas de mon avatar du côté gauche, on retrouve le Pearltree (et l'avatar) de Patrice Lamothe intitulé "Content Curation" ainsi que celui de François Rocaboy  (son avatar est une banane) intitulé simplement "Curation". Notez bien que Lamothe et Rocaboy sont respectivement CEO et directeur du marketing de la Start-Up française. 

Voici un autre de mes pearltrees créé suite à l'affaire Wikileaks de décembre 2010:



On remarque à droite de l'écran mes 16 perles reliées à l'affaire Wikileaks (j'ai pu en ajouter d'autres depuis...). À gauche, il s'agit de mon profil contenant les données au sujet de mon Pearltree : nombre de perles, de visionnements, de commentaires et de prises, etc.

Une prise, c'est lorsque quelqu'un d'autre vient chercher une de mes perles pour enrichir son propre arbre...de perles.

Voici un exemple de notification de prise de perle. Je reçois ce message par courriel.


Notez bien le morceau de puzzle bleu - au bas de ma photo/avatar de la 2e image à partir du haut - avec la mention Faire équipe. Depuis la mi-décembre 2010, Pearltrees permet- via Twitter, Facebook ou par courriel- d'inviter des amis ou des abonnés à faire équipe dans l'élaboration d'un Pearltree. Cette fonction de travail collaboratif demeure une des plus intéressantes et ouvre la voie à la construction d'une curation à plusieurs et en temps réel.

Voici un exemple d'invitation via Twitter:


Bien entendu, l'outil permet de jeter un coup d'oeil sur une des perles sélectionnées (par mouse-over). Ci-dessous, un billet de Clay Shirky faisant partie de mes perles.


Chacune des perles peut aussi être annotée ou commentée dans le but d'offrir davantage de contexte à la curation.

On aura donc compris que l'ambition de Pearltrees consiste à offrir, entre autres, un web organisé par l'esprit humain, voire des rayons entiers consacrés à une thématique particulière : la période bleue de Picasso, le cinéma français de la première moitié du 20e siècle, les diverses formes de méditation, la physique quantique, etc.  Sky is the limit ! On peut donc organiser le web dans une grande bibliothèque personnelle (composée de Pearltrees) dans laquelle les rayons (dossiers et thématiques) peuvent être enrichis et partagés.

Comment élaborer des arbres de perles ?

On peut le faire de plusieurs façons:

Depuis l'application même...



À partir du compte de quelqu'un d'autre quand on est en mode recherche ( il faut être connecté), on a qu'à "prendre" une perle (ou plusieurs) et la mettre dans son panier... pour la replacer ensuite dans son propre arbre...


À partir du widget (bookmarklet) intégré au fureteur (une des meilleures solutions)...


Le premier (parmi les boutons bleus de gauche à droite) permet d'ajouter une perle dans une thématique déjà ouverte (lors d'une session de travail Pearltrees), le second permet de choisir l'endroit exact où on veut placer la perle (à la suite d'une découverte fortuite par exemple) et le dernier permet d'ouvrir son compte.

Le moteur de recherche interne de Pearltrees permet d'accéder aux perles des autres utilisateurs, par affinités de perles, mais il va sans dire qu'une recherche exhaustive doit faire appel à une multitude de moteurs et d'annuaires. D'ailleurs, Pearltrees marque un certain retour vers l'organisation humaine de la recherche et du tri, un peu comme Yahoo! le faisait à ses tout débuts. 

Il existe aujourd'hui tellement d'informations, notamment à cause du phénomène des contenus générés par les utilisateurs (UGC), qu'il faut aujourd'hui pouvoir compter sur la qualité de l'information et non plus seulement sur la quantité. C'est ce que font les curateurs de contenus: offrir des informations pertinentes au bon moment, aux bonnes personnes et selon des variables et des contextes particuliers.

Pearltrees: un outil pour le grand public ?

Parce qu'il faut d'abord apprivoiser l'interface cartographique (ce que je fais depuis près d'un mois) qui ne repose pas sur un format traditionnel de liste, d'ordre alphabétique ou de Timeline, Pearltrees n'est pas destiné aux impatients ni aux gens pressés.  La courbe d'apprentissage demeure assez à pic; il faut du temps pour en bien saisir les fonctions de base et le modus operandi. Il intéressera par contre les chercheurs, les cyberthécaires, les analystes et les veilleurs qui veulent se donner la peine de comprendre un outil social très sophistiqué de curation.

Je vous conseille donc au moins de faire l'essai de Pearltrees et de vous donner du temps pour en comprendre les rudiments, surtout si vous comprenez bien l'utilité de la curation de contenus. Par ailleurs, je n'ai fait que présenter les fonctions de base de l'outil. Il y en a d'autres et les programmeurs planchent sans doute sur la bonification de l'interface et des fonctions. Une version pour iPad serait d'ailleurs prévue pour 2011...



Pour accéder à mes Pealrtrees: http://www.pearltrees.com/lerouxpa


Enfin,  je remercie François Rocaboy qui a eu la gentillesse de m'accorder une entrevue à la fin de novembre 2010.

Informations complémentaires

Pearltrees dans Wikipedia

Pearltrees (TechCrunch Disrupt)

L'ère des "curators" aurait-elle sonné ?


Merci de votre lecture et bonne année 2011 !

15 décembre 2010

Médias sociaux 101 : le Best-Of de Michelle Blanc

Ce n'est qu'en fin de semaine dernière (11 décembre 2010) que j'ai débuté ma lecture du livre Les Médias sociaux 101 de Michelle Blanc.  Je le sais. Je suis en retard mais certaines contraintes professionnelles et personnelles m'y ont tenu à l'écart... Je ne voulais pas non plus en faire une lecture trop rapide et, le cas échéant, en rédiger un compte rendu expéditif.

Pourtant, je me l'étais procuré dès son lancement, le 27 septembre dernier. En fait, je m'en suis procuré deux exemplaires, un pour moi et un autre que j'ai fait tirer sur Twitter à l'intention de mes étudiants. C'est Frédérik Nissen qui l'a remporté, un des méchants garnements des interwebs. Je savais bien, même sans l'avoir lu, que ce livre marquerait une étape charnière dans la très jeune histoire des médias sociaux au Québec.

Laissez-moi vous dire tout de suite que je connais Michelle Blanc personnellement depuis très peu de temps mais que j'apprécie ses billets depuis mes premières lectures en 2007-2008. Cette époque correspond à peu près au moment où j'ai commencé à m'intéresser plus sérieusement au phénomène des médias sociaux. Pourtant, ce n'est qu'au début de 2009 que j'ai commencé à bloguer et que je me suis plongé non seulement dans des recherches et des lectures mais aussi dans l'essai de divers canaux et applications de médias sociaux.

Que s'est-il donc passé ? Comment ai-je pu prendre autant de retard ? Moi qui dès 1991 recevais ma première adresse de courriel et apprenais quelques codes élémentaires du système Unix de l'Université pour utiliser Lynx et accéder à un Internet sans images ?

Mais surtout, comment avais-je pu louper la vague des médias sociaux, moi qui avais créé le cours REP2400 Internet et relations publiques en 1999 ? Pourquoi donnais-je toujours un cours de Web 1.0  à l'automne 2008 et par le biais du système fermé WebCT ? Pourquoi m'étais-je mis en position de Very Late Adopter ? Par doute ? Par perplexité ? Par paresse ?  Par le réconfort d'un cours déjà monté et maîtrisé (enfin presque) ?

J'ai dû me rendre à l'évidence. Je participais, à l'échelle micro et personnelle, au retard de deux ans du Québec (estimé ici par Michelle Blanc) quant à l'adoption des nouvelles technologies et des médias sociaux en particulier. J'ose croire que je me suis rattrapé au cours des 12 à 16 derniers mois et que mon retard se compte dorénavant en mois plutôt qu'en années...

Ce rattrapage, je le dois, bien entendu, à ma prise de conscience de ce nouvel écosystème social-numérique qui ébranlent tous les domaines de l'activité humaine. Mais je le dois aussi à l'influence de gens comme Claude Malaison et bien entendu, de Michelle Blanc, sans oublier tous les autres blogueurs et analystes chevronnés du Québec 2.0, de la France et des États-Unis.

Quand je pense à ma lecture des Médias sociaux 101, je n'ai qu'un seul regret: celui de ne pas l'avoir entamée plus tôt.  Pourquoi ? Parce que j'y ai découvert des informations que j'ignorais et des pistes de réflexion qui m'avaient échappé. Un exemple pour le démontrer: j'ai donné ma dernière séance de cours portant sur la gestion de crise durant la semaine du  6 décembre 2010. J'aborde, entre autres, le cas de la crise de la listériose de Maple Leaf de 2008 et je montre comment la vidéo de son président sur YouTube marquait une nouvelle ère dans la communication en temps de crise.

Cependant, j'avais oublié le "détail" des mots clés et l'achat, par un cabinet d'avocats spécialisés en recours collectif, des mots "listeria" et "Maple Leaf", au plus fort de la crise...(Voir le chapitre intitulé L'entreprise, le Web et les médias sociaux: la peur de perdre le contrôle de son message). C'est d'autant plus curieux puisque je suis sensible à cet élément stratégique du référencement (organique il est vrai mais tout de même). D'ailleurs, j'en fais référence dans mon cours sur les relations avec les médias et j'ai presque écrit un billet dans la section Commentaires du propre billet de Michelle Blanc portant sur les communiqués de presse optimisés...

Bien que ce livre soit tiré des quelque deux milles billets rédigés depuis 2005, il s'agit certainement d'un best-of. C'est-à-dire une compilation des billets les plus éclairés et éclairants en matière de médias sociaux et de leurs répercussions sur les rapports humains, les entreprises, les communications-marketing (dont les relations publiques), la politique et le journalisme.

Sur ce dernier point, il semble que certains n'aient pas très bien digéré le chapitre sur le journalisme et les médias. Pourtant, à lire l'article de Nathalie Collard paru le 13 décembre 2010 intitulé Le correspondant à l'étranger 2.0, où la journaliste cite abondamment une étude de l'Institut Reuters, Michelle Blanc vise dans le mille en reprenant les recommandations d'Edward Roussel...  La seule référence absente de ce chapitre, à mon avis, et ne serait-ce que pour son apport historique, est Dan Gilmor et son We the Media de 2004, que je crois être aussi important que le Manifeste des évidences et La longue traîne. Mais cela, ça se discute...

Les Médias sociaux 101 n'est pas un "How to..." mais plutôt un "Why be...". Sans dénigrer l'importance du comment et des moyens pour le faire, je crois qu'au stade où nous en sommes, et dans une perspective purement pédagogique, le pourquoi demeure plus pertinent que le comment. Et sur ce plan, le livre de Michelle Blanc atteint admirablement bien la cible.

Depuis le trimestre d'hiver 2010, j'exige de mes étudiants qu'ils créent un blogue personnel. Cette activité compte pour 50% de la note finale; c'est dire l'importance que j'y accorde.

Vais-je vous surprendre si je vous dis qu'à peine 10 %, et dans le meilleur des cas 15% de mes étudiants avaient déjà un blogue ?  Sur mes 30 étudiants du trimestre d'automne 2010, quatre seulement rédigeaient des billets, et ce, plus ou moins régulièrement. Pour des étudiants en communications et relations publiques, les avantages de se bâtir un porte-folio numérique n'ont plus à être démontrés. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Chez les jeunes d'une part, mais également chez les plus vieux pour qui le blogue peut révéler toute l'expertise et, par ricochet, assurer à l'entreprise une mémoire...

Dans cette optique, j'ai été agréablement surpris par ce tweet de mon collègue Guy Litalien à propos de sa lecture récente des Médias sociaux 101 :


Je suis aussi ravi de vous annoncer que les plus persévérants et motivés de mes étudiants apprécient  le blogue, en comprennent la pertinence pour leur carrière et poursuivent l'activité au-delà du cours. Par contre, plusieurs étudiants me font également part des craintes de leur employeur dès que la nouvelle se répand. Plusieurs organisations voient leur blogue d'un mauvais oeil et c'est très regrettable.

C'est ici, encore, que Michelle Blanc fait oeuvre utile en nous rappelant que le plus grand risque, pour une organisation, c'est justement d'ignorer les médias sociaux.

Par ailleurs, quelques critiques s'en sont pris un peu bêtement à la forme de l'ouvrage plutôt qu'au fond. On semble avoir oublié que les médias sociaux sont d'abord et avant tout une question de fond. Sur ce plan,  ce premier ouvrage  n'a rien à se reprocher, bien au contraire.

Son recueil de billets prend la forme d'un récit. Michelle Blanc raconte ses histoires et partage ses meilleures références en misant bien entendu sur le potentiel des médias sociaux mais aussi en nous mettant en garde contre ses écueils. Elle le fait avec lucidité, authenticité, humour, transparence et générosité. Ce sont bien là quelques-uns des ingrédients pour réussir les communications de demain.

Je vous conseille donc d'aller chercher votre exemplaire dès que possible, pendant qu'il en reste encore. Cette première édition vaudra bien un jour son pesant d'or, ne serait-ce que pour sa profondeur et sa valeur historique.

Faites-en aussi cadeau à votre entourage professionnel ou à tout beau-frère ou toute belle-soeur qui douterait encore de l'importance et de la pertinence des médias sociaux à l'aube de 2011.



Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

7 novembre 2010

Le curateur de contenus (1e partie)

Aussi incroyable que cela puisse paraître, certains analystes prédisent que d'ici quelques années, le contenu du web doublerait à toutes les 72 heures.
 

C'est ce que nous rappelait Rohit Bhargava dans son Manifesto for the Content Curator : the next big Social Media Job of the Future ?

En fait, même les données techniques d'entreprises devaient doubler à toutes les 11 heures à partir de 2010, selon une étude d'IBM publiée en 2006 et intitulée The toxic terabyte: How data-dumping threatens business efficiency. Voici un ancien article de ZDNet à ce propos.

Peu importe les prédictions, on sait tous que le Web offre une énorme quantité d'informations augmentant d'heure en heure. Combien de billets, de commentaires, de tweets, d'articles divers, de vidéos, de photos, etc., ont été mis en ligne depuis que vous avez commencé à lire ce billet ? Dire beaucoup serait un euphémisme...

Comment donc, dans cette optique, chercher, trouver, filtrer, organiser et partager de grandes quantités d'informations pertinentes sur un enjeu ou un sujet précis ? Qui peut faire ce travail tout en tenant compte du contexte particulier, des valeurs, des objectifs et des ressources d'une organisation ? Et qui peut y arriver sur une base quasi continue (web en temps réel oblige) ?

Le curateur de contenus.


Tom Foremski, dans son excellent article du 3 novembre 2010 Humans vs machines: Aggregation vs curation, souligne que le curateur de contenus choisit et trie les informations les plus pertinentes tandis que l'agrégateur collecte le plus d'informations possibles sur un sujet donné. Le premier joue donc un rôle qualitatif alors que celui du second demeure plus quantitatif.

Bien que le mot curateur ait une connotation particulière au Québec, et peut-être même ailleurs dans la francophonie, il risque, un jour, d'être équivalent au mot anglais. 


Je n'aime pas beaucoup le mot conservateur qu'il faut préférer, dit-on, au mot curateur, du moins dans le domaine des musées par exemple. Pourtant le conservateur de musée jouerait un rôle semblable à celui d'un curateur de contenus. Le conservateur de musée sélectionne des oeuvres selon une thématique liée à une exposition ou à une rétrospective particulière... et selon toutes sortes de variables internes comme externes.

Ni tout à fait "conservateur" ni même "éditeur" de contenus dans son sens le plus stricte, le curateur de contenus aura sans aucun doute un rôle très important à jouer dans les organisations. Le poste qui s'y rapproche le plus est celui de CCO (Chief Content Officer). 


Mais le CCO peut utiliser le contenu pour établir des relations avant même qu'un produit ou service soit lancé. Dans cette perspective, ou encore par le biais d'une politique éditoriale déterminée, le contenu devient non seulement un outil de marketing mais aussi un outil de rétroaction très puissant. Un bon CCO s'assurera aussi du soutien d'un ou de quelques gestionnaires de communautés.

Sans vouloir créer des silos absolus, je dirais que le curateur de contenus aura un rôle assez différent dans l'organisation, et d'autres types de responsabilités.

Il ou elle (et il y aura probablement davantage de curatrice que de curateur) agira comme un guide "suprême" vers les ressources les plus pertinentes et les plus fraîches du moment, et selon des besoins très précis en information. 

On pourra compter sur cette personne pour prendre des décisions rapides et éclairées, basées entre autres, sur de l'information filtrée. Choisir le bon grain de l'ivraie, voilà ce qui différencie le curateur de l'agrégateur.

On pourra toujours invoquer l'origine latine du mot:  curare, c.-à-d. "prendre soin de..." pour définir les tâches du curateur. Quant au mot curation, on l'employait jadis en médecine pour décrire les moyens utilisés pour la guérison d'une maladie...

Bien entendu, quand un blogueur propose un choix "éclairé" de liens dans un billet, on songe tout de suite à un curateur de contenus. On pourrait en dire autant pour les sites de signets sociaux tel que celui de mon propre compte Delicious

Mais ces derniers exemples relèveraient davantage de l'agrégation que de la curation de contenus. Il y manquerait parfois des éléments d'informations plus riches et variés, de contexte ainsi que de "temps réel".



Quels outils pour ce nouveau rôle émergent de curation ? Qui s'en sert aujourd'hui et qui peut s'en servir demain ? 

Dans mon prochain billet, je vous parlerai de deux nouveaux outils dits de curation: Storify et Pearltrees.

Merci de votre lecture ! 


PL

Quelques liens complémentaires:

Curation Vs Agregation (James Burke)
http://storify.com/deburca/curation-vs-aggregation

Storify facilite le « journalisme de réseaux sociaux »(Media Trend) 
http://www.themediatrend.com/wordpress/?p=3487

Content is no longer King: Curation is King (Steve Rosenbaum)  
http://www.businessinsider.com/content-is-no-longer-king-curation-is-king-2010-6
 

18 octobre 2010

Blogueurs de l'automne 2010


Dur dur de débuter un blogue ! 

Sur les 29 étudiants inscrits à mon cours cet automne 2010, 22 ont soumis une adresse et rédigé quelques billets à ce jour. Il fallait pourtant se lancer à partir du 20 septembre...

Alors voici les adresses de ces blogueurs. La plupart en sont à leur première expérience tandis que d'autres y sont déjà rompus. Il y a parmi ces blogues de véritables perles. Je vous laisse le soin de les découvrir...


Évolution tranquille (L-A Bombardier)

1001 raisons de brailler (Jani Bouchard)

Mon regard sur... (Éric Duguay)

Du point A au point B (Christine Émond)

Renaud Émond

L'actualité vue par Céline (Céline Fabries)

Claudine & Me (Claudine)

Chroniques gourmandes (Danielle Guillemette)

Opinion opiniâtre (Andrée-Lyne)

Marjorie's Closet (Marjorie)

Dans la tête d'une fashionista (Karine Laparé)

Littépop (Mireille Lavigne)

Litchee, martini et compagne (Amélie Lemieux)

De tout pour faire un monde (ML)

Mots perdus et retrouvés (Claudia Lupu)

 L’art au service de l’homme (Virginie Maltais)

Local Montréal (Frédérick N.)

Je pense que oui...(Johanna)

L'apprentie blogueuse-maître célibataire (Miss K.)

Comment (re)tomber amoureux de Montréal (Mlle A.)

Caisse De Lorimier -Desjardins (Marie-France Théobald)
http://blogues.desjardins.com/81530015/2010/09/desjardins-a-lechelle-internationale.html


Bonne lecture !


PL

29 septembre 2010

Vie privée et données confidentielles dans le web

Selon un récent sondage du ConsumersUnion.org (25 sept. 2010), les consommateurs américains demeurent très inquiets quant aux données que la plupart des sites web recueillent sur leurs habitudes de navigation et d'achat.

Dans cette optique, et depuis la fin juillet 2010, le Wall Street Journal (WSJ) offre à ses lecteurs un dossier des plus complets sur le phénomène du tracking comportemental intitulé What They know.

Le WSJ a même créé un compte Twitter pour permettre à ses lecteurs de suivre l'évolution de cet enjeu. À la fin de septembre 2010, plus de 2500 personnes y étaient abonnées.


Vous vous êtes sans doute déjà demandé comment il se faisait qu'en visitant certains sites (américains ou européens), des bannières publicitaires "locales" pouvaient y apparaître, y compris en français ? 

Outre la reconnaissance des adresses IP ainsi que de la langue affichée par votre navigateur, il existe aussi des applications qui permettent un ciblage de comportement (behavioural targetting) basées, entre autres, sur la bonne vieille méthode du "cookie". 

Le cookie est un fichier texte (un témoin) créé dans les années 90 par l'ingénieur Lou Montulli (Lynx, Netscape, Epinions) et dont le concept fondamental de mémoire a été déterminant pour le commerce électronique (et le petit panier d'achat).

En soi, le cookie n'est pas très menaçant pour la vie privée et la confidentialité des données mais certaines autres applications telles que les cookies de tierces parties et surtout les flash cookies demeurent, disons-le, plus problématique. S'il est possible de rejeter les premiers à l'aide des paramètres du navigateur, il serait beaucoup plus difficile de se débarrasser des seconds, à tel point que Wired en a fait un article ici.

Voici une vidéo réalisée par Christina Tsuei du WSJ comportant une entrevue avec Lou Montulli sur le fonctionnement des cookies et sur le ciblage comportemental: 




Enfin, comme le WSJ ne fait jamais rien à moitié, voici une suite de ce dossier au sujet du tracking dans des sites web destinés aux enfants...

Voir aussi :

 The Tracking Ecosystem (WSJ)

Data Privacy: The Facts of Life (Bruce Schneier)

Merci de votre lecture !

PL

23 septembre 2010

Outils d'édition et de partage Web 2.0 peu connus

C'est en redécouvrant la présentation SlideShare d'Isabelle Dremeau (Skoden/Formation ouverte à distance de Bretagne) intitulée Le Web 2.0 en trois clics que je suis tombé sur une présentation semblable mais beaucoup plus récente (août 2010). En fait, il s'agit d'une mise à jour de la première.

On y présente un ensemble d'outils d'édition et de partage 2.0 peu connus mais assez efficaces et robustes. Ils sont gratuits (pour la plupart) et faciles à comprendre. Plusieurs n'exigent pas d'enregistrement au préalable mais d'autres oui.
Quelques applications à examiner de plus près...

Share/Send

Vous voulez déposer et partager un fichier rapidement ?
C'est facile grâce aux trois étapes de Share/Send : choisir un fichier, le téléverser, partager le lien créé.


Voici un lien créé avec Share/Send menant directement vers ma  présentation (PowerPoint) intitulée Twitter: le phénomène (2), du 23 septembre 2010.

http://sharesend.com/itkar

Pas d'inscription obligatoire. Le fichier est détruit après 60 jours d'inactivité (si personne n'a  téléchargé le fichier en question).

Privnote
Ce message s'autodétruira dans quelques secondes...
Cela vous rappelle-t-il les anciens épisodes de la série Mission Impossible des années 60 et 70?
On écrit une note (texte) et on obtient le lien à envoyer. Dès que le message est lu par notre destinataire, il s'autodétruit...

TitanPad (outil de collaboration)

Cet outil permet à plusieurs personnes de travailler en simultané sur un même document écrit.


Penzu

Vous voulez rédiger des notes, un carnet ou un journal intime de manière complètement confidentielle et sûre ? C'est entre vous et le nuage...


Mp3Cut

Retenir qu'une partie d'un fichier audio (mp3)  pour  obtenir un effet sonore dans votre blogue ou pour une sonnerie téléphonique? C'est possible. Mais attention, si vous vous trompez, il faut tout recommencer...


Nimbb

Vidéo/audio de 30 secondes max. (à titre gratuit) à partir de la caméra de votre ordinateur... Pour envoyer un court message vidéo rapidement !


Imgur (Image-er 

Pour déposer et partager facilement des images et se constituer des albums de manière assez anonyme.
 

AcapalaBox

Obtenir la prononciation d'un mot, d'une phrase ou d'un court texte dans la langue de votre choix et de manière assez naturelle. De plus, avec un peu d'argent, on peut télécharger un mp3 de l'audio en question.


Plusieurs "packages" offerts dont celui de 715 caractères ( 47 secondes d'audio environ) qui coûtera 5 euros.

Bonnes découvertes !

Patrice Leroux

10 septembre 2010

Langue écrite: des taux d'échecs alarmants



Je suis très inquiet.

Le nombre de candidats refusés pour cause d'échec au test de français écrit (exigence d'admissibilité fondamentale dans tous nos programmes de communication) augmente de façon très significative depuis quelques années.

En cette année 2010 (admissions d'automne), nous avons battu tous les records en matière de refus. Par exemple, en communication appliquée, sur les 27 candidats qui ont subi ce test à l'une de nos séances (17 juin), 14 l'ont échoué; en relations publiques, sur 13 candidats, huit l'ont échoué.

La situation est à ce point critique que la Faculté a dû annuler un cours obligatoire en relations publiques cet automne, faute d'inscriptions suffisantes. Une première depuis que je suis en poste.
Quelques statistiques pour comparer 2010 et 2009


Les résultats au test d'admission en français pour l'automne 2010 révèlent les taux d'échecs suivants (nouveaux candidats seulement):


Communication appliqué (116 candidats)
54,3% d'échecs


Publicité (133 candidats)
24,8% d'échecs
Le taux d'échec en publicité concerne les candidats ayant obtenu moins de 40% au test. Le seuil d'admissibilité n'est pas le même que celui des autres programmes, établi à 50%.


Rédaction (35 candidats)
22,9% d'échecs


Relations publiques (75 candidats)
45,3% d'échecs


Les résultats au test d'admission en français pour l'automne 2009 révèlent les taux d'échecs suivants (nouveaux candidats seulement):


Communication appliquée (99 candidats)
30,3% d'échecs

Publicité (149 candidats)
20,1% d'échecs
Le taux d'échec en publicité concerne les candidats ayant obtenu moins de 40% au test. Le seuil d'admissibilité n'est pas le même que celui des autres programmes, établi à 50%.

Rédaction (37 candidats)
21,6% d'échecs

Relations publiques (71 candidats)
33,8% d'échecs

Petite histoire de l'exigence d'admissibilité liée au français écrit


Il faut savoir que quand je suis devenu le responsable des programmes du Certificat de relations publiques et du Certificat en communication appliquée, les milieux professionnels jugeaient que le seuil d'admissibilité de 40% était trop bas...

Pourquoi ne pas arrimer ce seuil à celui, plus symbolique, de 50% comme le font les programmes de journalisme, de rédaction et de traduction ?  Peut-on sérieusement donner des cours (et éventuellement octroyer un diplôme de certificat) à des gens qui ne maîtrisent pas bien la langue écrite ? Ces gens pourraient-ils vraiment travailler en communication avec des lacunes aussi prononcées ?

J'ai finalement donné raison aux milieux professionnels et augmenté ce seuil à 50% à partir de 2002-2003 (après avoir réussi à convaincre la direction de la Faculté pour qui la notion d'accessibilité était au moins presque aussi importante que celle de la qualité...).

Les candidats qui  obtenaient une note située entre 50% et 64% devaient toujours faire un cours d'appoint en français écrit, tandis que ceux qui obtenaient moins de 50% étaient refusés. 

Auparavant, les candidats qui obtenaient entre 40% et 49% étaient admis mais devaient faire deux cours de mise à niveau en français écrit. Cela retardait certes la diplomation des étudiants, mais surtout, les chargés de cours remarquaient que malgré ces deux cours d'appoint, plusieurs étudiants n'arrivaient pas à mieux maîtriser l'écrit. La "rouille était trop épaisse" comme le disait Lorraine Camerlain, devenue depuis directrice du Centre de communication écrite à l'UdeM. Augmenter le seuil d'admissibilité à 50% apparaissait comme étant une voie raisonnable et juste. Juste envers les candidats et juste envers les milieux professionnels qui s'attendent à une bonne maîtrise de la langue écrite chez nos diplômés.

Oui, on allait perdre des candidats, oui certains cours ne seraient plus "dédoublés" comme auparavant mais au moins, on aurait des étudiants plus forts sur le plan de la langue écrite ; la notoriété du programme augmenterait à moyen et à plus long terme.  On pouvait quand même compter sur une masse critique d'étudiants et assurer la pérennité du programme.

Or, voilà qu'aujourd'hui cette masse critique d'étudiants fond à vue d'oeil à cause des trop nombreux échecs en français écrit des dernières années. Qu'arrivera-t-il quand les jeunes de la "Réforme" arriveront en 2012 ? À tort ou à raison, on craint le pire...

Que faire ? Quelques hypothèses et pistes de solution.


Alléger le test ?

Notre test est-il trop difficile ? Faudrait-il "l'alléger". Il semble bien que ce test ait été validé et mesure véritablement les connaissances et le niveau de maîtrise de la langue écrite des candidats dans une perspective d'études en communication.

Comment alors expliquer les nombreux échecs chez des candidats qui ont réussi l'épreuve uniforme de français au collégial ? Dans certains cercles, on entend parfois dire que ce test pourrait s'adresser à des élèves d'un autre niveau...


MAJ: J'ai trouvé cet article d'Ariane Lacoursière, paru en novembre 2009, à propos de l'examen de français du collégial...



Réduire la note de passage ?


Réduire à 40% marquerait un retour en arrière gênant et enverrait un très mauvais signal aux milieux professionnels mais également aux étudiants. Cette piste n'est pas envisageable même si on se rend bien compte que le différentiel de 10% (par rapport au seuil de 40% du Certificat de publicité) fait exploser les refus en communication appliquée et en relations publiques.


Offrir des séances de préparation au test ?


La faculté pourrait en effet offrir (moyennant des frais) des séances de préparation à l'examen (avec un autotest en début de séance par exemple); les candidats sauraient mieux à quoi s'attendre pour la suite.


Fermer les programmes ?


Solution des plus radicales s'il en est une. Ce n'est pourtant pas l'intérêt qui manque puisque la Faculté a traité, en 2010, 399 demandes d'admission en communication appliquée et 350 en relations publiques. Il y a certes beaucoup de désistements (on se désiste parce qu'on a été accepté dans un autre programme (en général un programme régulier de jour) ou parce qu'on a "oublié" de se présenter au test.  La fermeture des programmes ne rendrait pas service à personne mais au rythme où vont les choses, les études à  plein temps (au moins quatre cours par trimestre) deviendraient plus difficiles.

Par ailleurs, le Certificat de relations publiques accueille de plus en plus de bacheliers (près de 35%). Ce sont des candidats intéressants susceptibles d'attirer l'attention de recruteurs éventuels lorsqu'ils ajoutent le certificat à leur formation. Mais même ces derniers ne réussissent pas à atteindre la note de passage sans condition (65% et plus). La moyenne des bacheliers se situent aux alentours de 58% et parfois moins... exception faite des bacheliers en enseignement du français et ceux de littérature (ouf!). Qu'arriverait-il si on faisait passer notre test à tous les étudiants du collégial possédant une bonne cote "R" ?

Quant au Certificat en communication appliquée, dont le taux de refus atteint des proportions alarmantes en 2010 (54,3%), il est souvent considéré comme un excellent programme d'entrée universitaire. De plus, il ouvre la voie vers d'autres certificats plus spécialisés pour tous ceux qui souhaitent s'engager dans un cheminement de baccalauréat par cumul de certificats (surtout chez ceux et celles en situation de travail). Si ce programme se vide peu à peu, les autres ne se rempliront sans doute pas pour autant...


Offrir une admission conditionnelle ?


Une des pistes que l'on doit envisager consiste à offrir une admission conditionnelle à la réussite de deux cours d'appoint, dès le premier trimestre et en formule intensive. Par exemple, un étudiant qui a obtenu moins de 50% mais plus de 40% à l'examen se verrait offrir une admission à la condition de suivre (et de réussir) deux cours de grammaire (FRA1957 et FRA1958). Ces cours seraient offerts l'un après l'autre à raison de deux jours par semaine et avec un ou deux samedis. 

On commencerait donc par le FRA1957 (de septembre à la mi-octobre) puis on entamerait le FRA1958 (de novembre à la mi-décembre) pour le trimestre d'automne par exemple. 

Les étudiants qui souhaitent un régime à plein temps (quatre cours) auraient la permission de suivre un cours du bloc obligatoire (COM1500G en communication appliquée et REP1000 en relations publiques) ainsi qu'un cours des blocs 70-B à option (sans préalables). 

Cette admission conditionnelle ferait l'objet d'un contrat entre l'étudiant et la Faculté. Par exemple, l'annulation ou l'abandon d'un des cours d'appoint entraînerait l'annulation ou l'abandon automatique de tous les autres. Avec une telle offre conditionnelle, la faculté serait sans doute en mesure de récupérer une bonne partie des candidats refusés; il s'agirait aussi probablement des plus motivés.

Certains y verront peut-être un retour en arrière déguisé en une nouvelle formule.

Serons-nous davantage en mesure de pallier aux lacunes des étudiants ? Avons-nous raison de couper net tout espoir d'études en communication à bon nombre de personnes à cause des faiblesses de l'écrit ? 

À quoi bon blâmer les autres niveaux  (primaire, secondaire, collégial) et clamer tout haut qu'il s'agit d'un "problème de société" ! Ne faudrait-il pas plutôt les aider et les encadrer du mieux que nous le pouvons ? 

Augmentons-nous la masse critique des étudiants pour nous assurer des charges de cours ? L'augmente-t-on pour assurer que les étudiants les plus forts puissent poursuivre leurs études grâce à la "subvention" des plus faibles ?

Voici autant de questions épineuses pour un problème qui l'est tout autant !

Qu'en pensez-vous ?

Merci de votre lecture.

PL
 
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