31 janvier 2014

Relations publiques en temps réel : le Saint-Graal du marketing nouveau ?



Les observateurs des médias sociaux se demandent bien qui va se démarquer lors du 48e Super Bowl ? La grand-messe du football américain attire pas moins de 110 millions de téléspectateurs aux États-Unis même, soit près de 30% de sa population. 

Le spot de 30 secondes est évalué à près de 4 millions de dollars selon AdAge, auxquels il faut ajouter les coûts de production... Il faut donc avoir les reins et les nerfs assez solides et même là, il n'y a pas de garanti de succès comme l'ont constaté Blackberry et Best Buy en 2013.

Le tweet de 2013 le plus médiatisé ?

En 2013 justement, ce dont tout le monde parlait, c'était plutôt du fameux tweet humoristique de la marque de biscuit Oreo (ci-dessus). Un coup de relations publiques qui a fait écarquiller les yeux de plusieurs commentateurs médias.

Durant le match, un événement imprévu se passe: une panne de courant majeure plonge le stade dans l'obscurité pendant un bon moment. En quelques minutes à peine, l'équipe numérique de la marque concocte une image du biscuit accompagnée du texte suivant: vous pouvez toujours le tremper dans le noir (traduction libre). 

Il s'agit d'une allusion au fait que plusieurs amateurs d'Oreo, voire les enfants, ont pris l'habitude de tremper leur biscuit dans un verre de lait (image renforcée par plusieurs types de publicité des années 70, 80 et même 90). Cette communication narrative comporte un lien culturel et historique assez fort, surtout chez les Nord-Américains.

Le tweet en tant que tel : Pas d'électricité ? Pas de problème.

Le deuxième écran

Depuis que l'expérience télévisuelle s'accompagne aujourd'hui d'un deuxième écran (le portable, la tablette ou le mobile) pour commenter et participer aux "conversations" entourant un événement, les marques investissent de plus en plus la sphère de la communication en temps réel pour influencer leurs publics. 

C'est à la fois un art et une science, situé entre le newsjacking, la réaction spontanée d'une intuition... et la spontanéité planifiée !

Pour sa part, les bonbons chocolatés M&M, appuyés par l'ancien quart-arrière Joe Montana ne prennent aucun risque. Tous deux commentent l'ensemble de l'événement du Super Bowl. On ne sait jamais ce qui peut arriver à tout moment !

Reste à savoir, laquelle des marques lancera le tweet le plus astucieux, commentera - ou s'appropriera - avec humour, un événement cocasse ou fortuit à l'aide d'InstagramVine et pourquoi pas Facebook

Qui va marquer ce touché lors de ce 48e Super Bowl ? 

Stay tuned...on Twitter ?

Merci de votre lecture.

Patrice Leroux 

28 janvier 2014

Google, pub ciblée et vie privée

Image: samarttiw/ Free Digital Photos
Je demeure toujours à la fois fasciné et surpris par les publicités numériques apparaissant durant mes navigations web. Il s'agit parfois de publicités très génériques (et souvent même en français sur des sites anglophones) : taux hypothécaire ou régime de retraite de grandes banques, condos, voitures, etc.

Par contre, il arrive très souvent qu'une large part de ces publicités numériques soient directement liées à des recherches personnelles. Ainsi, il y a près d'un an, sur de nombreux sites visités apparaissaient presque systématiquement des publicités de machines à espresso.


Devoir supprimer son historique de navigation et ses cookies pour avoir la paix ?

J'avais fait de telles recherches durant quelques jours avant de m'en procurer une. Ces pubs m'ont suivi plusieurs semaines, même après mon achat;  je m'en suis débarrassé finalement en effaçant mes données de navigation et en supprimant les fichiers témoins ou cookies. Pourtant, j'aime bien mon historique de navigation; il m'a permis de retracer des ressources que je n'arrivais plus à retrouver. Mais ça commençait à m'agacer, les machines à espresso par ici et par là. Non pas que je me sentais surveillé (quoi que...) mais je trouvais l'algorithme trop insistant et un peu bête.

Je comprends que les sites visités reconnaissent mon navigateur, la langue utilisée et même ma position géographique... Plusieurs sites ont même la délicatesse de me la demander comme sur le site lemonde.fr .




Le lien En savoir plus mène vers des indications spécifiques offertes par mon navigateur Google Chrome quant à la demande sur ma position géographique :


Par contre, pas besoin de connaître ma position géographique pour m'afficher une publicité de Rogers comme celle-ci:


Si Google Chrome ne transmet pas ma position sans mon autorisation (pour cela il faut aller dans  Paramètres > Confidentialité > Paramètres de contenu), il peut certes afficher des publicités en lien avec une recherche récente.

Position géographique ou non, mes recherches par mot clé et mon historique de navigation assurent à Google des revenus publicitaires significatifs.  Les acheteurs médias souhaitent bien entendu se porter acquéreur (pendant un certain temps)  de ces mots clés, comme machine à espresso.  À la suite d'une telle requête, Google associe ses résultats à ceux des acquéreurs de ces mêmes mots clés. Je vois donc des liens commandités, mélangés à des résultats dits plus organiques, comme un reportage du magazine Protégez-vous ou un autre de l'émission l'Épicerie de Radio-Canada.

 Le "Remarketing" du Display Network de Google : on vous suit à la trace...

Ce qui est nettement plus saisissant, ce sont les publicités de machine à espresso apparaissant sur d'autres sites que je visite (celui du New York Times par exemple). Parce que ces sites peuvent accéder à mes cookies et à mon historique de navigation ainsi qu'au service de "remarketing" de Google (son Display Network), les services ou produits recherchés dans un contexte donné - celui d'un achat potentiel - me suivent et réapparaissent dans un autre contexte - celui de la lecture de nouvelles.

Tout cela semble être de bonne guerre, sinon assez anodin; les publicités sont habituellement situées en périphérie. La plupart des gens ne se sentent pas importunés même s'il s'agit d'une forme de spamming assez soft...

Un problème quand il s'agit de renseignements 
plus sensibles ?

Par contre, quand il s'agit de "remarketing" lié à des renseignements plus sensibles, comme l'état de santé, ce stratagème devient nettement plus gênant. C'est ce que rappelle le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, en évoquant le cas d'une personne souffrant d'apnée du sommeil. 

Ayant fait des recherches sur des appareils permettant de traiter sa condition, la personne voyait apparaître des publicités de divers types d'appareils au gré de ses navigations, tout comme moi avec les machines à espresso...

Mais entre machines à espresso, maladies mentales, d'Alzheimer ou de Parkinson, il y a toute une différence. Jusqu'où peut-on aller avec la protection des renseignements personnels ? 

[...] "Les services de pub sur internet en savent souvent plus que votre médecin sur vos petits bobos" [...].

C'est ce qu'écrivait la journaliste Ariane Krol dans son article intitulé Dr. Google .

Apeurant, n'est-ce pas ? 
On n'aurait encore pourtant rien vu ! 

Snowdon, la NSA, les cookies de Google et la collaboration canadienne (tout un cocktail) !

Le reportage suivant mentionne que la National Security Agency (NSA) utiliserait les mêmes types de cookies que Google pour espionner... le monde entier ! On y apprend aussi quelques nouvelles assez salées au sujet de la collaboration du Canada. À écouter jusqu'à la fin...





En attendant, j'ai fait des recherches sur quelques établissements hôteliers du Mexique par le biais d'Expedia. Misère !



Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

5 janvier 2014

Taux de diplomation: toutes nos excuses...


L'enjeu de la persévérance au premier cycle universitaire est fondamental; il revient toujours, bon an mal an, dans l'actualité.

Le quotidien La Presse annonçait, le 3 janvier 2014, que le taux d'obtention d'un diplôme chez les étudiants de l'Université Concordia (cohorte de 2006) frisait à peine les 50%. (Cet article n'est pas disponible en ligne au moment de la rédaction de ce billet).

Comparé à l'UQAM (68%), à l'UdeM (78%) et à McGill (84%), le pourcentage de Concordia étonne vivement. 

Que se passe-t-il ? Des intervenants cités dans l'article mentionnent quelques facteurs exogènes: conciliation travail-études et problème d'intégration (dans le cas de certains étudiants internationaux, assez nombreux à Concordia). 

On semble être d'accord sur un autre fait : les études supérieures ne semblent plus aussi prioritaires qu'auparavant. Les besoins financiers et le maintien d'activités sociales des étudiants seraient encore plus importants que leurs études...

Or, voilà que La Presse précise, le lendemain, que son interprétation est bancale; elle s'excuse en soulignant que ses statistiques comparaissaient des cohortes d'étudiants à temps plein au taux de diplomation d'étudiants à temps partiel... 

Concordia a aussi jugé bon d'apporter une précision en rectifiant les chiffres (ici). Son taux de diplomation serait plutôt de l'ordre de 75%.

Malgré ce genre d'interprétation erronée, il y aurait encore des problèmes assez graves de persévérance (ou d'attrition - abandon -, c'est selon) dans certains programmes universitaires du Québec. 

On en attribue encore les raisons sur la très grande accessibilité au système québécois, à la faiblesse des droits de scolarité ainsi qu'à une aide financière bien généreuse. 

C'est l'avis de nombreux interlocuteurs dont Robert Gagné, du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC-Montréal, pour qui le système devient un "cocktail explosif" [...] favorisant "un magasinage au premier cycle universitaire qui est coûteux en temps et en argent" (ici).

Ce type d'arguments n'est sans doute pas entièrement faux ou injuste (dans certains cas). J'ai quand même été un témoin assez privilégié de l'évolution de plusieurs cohortes étudiantes au cours des dernières 25 années pour le savoir, dont 15 comme chargé de cours...

Cependant, je crois qu'il y aussi un retard pédagogique des enseignants qui a poussé les étudiants - malgré eux - à ne plus suivre avec autant de sérieux leurs études. Les étudiants s'ennuieraient-ils dans les cours de type magistral ou frontal ? 

Peut-on vraiment expliquer le taux d'attrition élevé que par des raisons, disons systémiques, et a fortiori à l'avantage apparent des étudiants du Québec ?

On n'entend peu parler de pédagogie innovante; on met plutôt l'accent sur des technologies numériques, sur la formation à distance ou même encore sur des moocs. Comme si la technologie à elle seule pouvait tout régler...

Je le soulignais en 2012; quel est l'intérêt de transmettre des savoirs formatés en PowerPoint dans une société où la connaissance double tous les deux ans et où l'information est disponible de manière continue pour tous (ou presque) ? 

Comment se démarquer quand nos propres étudiants ont eux-mêmes adopté non seulement des outils, mais également des stratégies de collaboration, de partage et de communication qui dépassent nos propres compétences ?

Pour expliquer les taux d'attrition assez élevés, il n'y a pas que La Presse qui doive s'excuser pour ses interprétations erronées...

Merci de votre lecture.

Patrice Leroux

 
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