15 décembre 2010

Médias sociaux 101 : le Best-Of de Michelle Blanc

Ce n'est qu'en fin de semaine dernière (11 décembre 2010) que j'ai débuté ma lecture du livre Les Médias sociaux 101 de Michelle Blanc.  Je le sais. Je suis en retard mais certaines contraintes professionnelles et personnelles m'y ont tenu à l'écart... Je ne voulais pas non plus en faire une lecture trop rapide et, le cas échéant, en rédiger un compte rendu expéditif.

Pourtant, je me l'étais procuré dès son lancement, le 27 septembre dernier. En fait, je m'en suis procuré deux exemplaires, un pour moi et un autre que j'ai fait tirer sur Twitter à l'intention de mes étudiants. C'est Frédérik Nissen qui l'a remporté, un des méchants garnements des interwebs. Je savais bien, même sans l'avoir lu, que ce livre marquerait une étape charnière dans la très jeune histoire des médias sociaux au Québec.

Laissez-moi vous dire tout de suite que je connais Michelle Blanc personnellement depuis très peu de temps mais que j'apprécie ses billets depuis mes premières lectures en 2007-2008. Cette époque correspond à peu près au moment où j'ai commencé à m'intéresser plus sérieusement au phénomène des médias sociaux. Pourtant, ce n'est qu'au début de 2009 que j'ai commencé à bloguer et que je me suis plongé non seulement dans des recherches et des lectures mais aussi dans l'essai de divers canaux et applications de médias sociaux.

Que s'est-il donc passé ? Comment ai-je pu prendre autant de retard ? Moi qui dès 1991 recevais ma première adresse de courriel et apprenais quelques codes élémentaires du système Unix de l'Université pour utiliser Lynx et accéder à un Internet sans images ?

Mais surtout, comment avais-je pu louper la vague des médias sociaux, moi qui avais créé le cours REP2400 Internet et relations publiques en 1999 ? Pourquoi donnais-je toujours un cours de Web 1.0  à l'automne 2008 et par le biais du système fermé WebCT ? Pourquoi m'étais-je mis en position de Very Late Adopter ? Par doute ? Par perplexité ? Par paresse ?  Par le réconfort d'un cours déjà monté et maîtrisé (enfin presque) ?

J'ai dû me rendre à l'évidence. Je participais, à l'échelle micro et personnelle, au retard de deux ans du Québec (estimé ici par Michelle Blanc) quant à l'adoption des nouvelles technologies et des médias sociaux en particulier. J'ose croire que je me suis rattrapé au cours des 12 à 16 derniers mois et que mon retard se compte dorénavant en mois plutôt qu'en années...

Ce rattrapage, je le dois, bien entendu, à ma prise de conscience de ce nouvel écosystème social-numérique qui ébranlent tous les domaines de l'activité humaine. Mais je le dois aussi à l'influence de gens comme Claude Malaison et bien entendu, de Michelle Blanc, sans oublier tous les autres blogueurs et analystes chevronnés du Québec 2.0, de la France et des États-Unis.

Quand je pense à ma lecture des Médias sociaux 101, je n'ai qu'un seul regret: celui de ne pas l'avoir entamée plus tôt.  Pourquoi ? Parce que j'y ai découvert des informations que j'ignorais et des pistes de réflexion qui m'avaient échappé. Un exemple pour le démontrer: j'ai donné ma dernière séance de cours portant sur la gestion de crise durant la semaine du  6 décembre 2010. J'aborde, entre autres, le cas de la crise de la listériose de Maple Leaf de 2008 et je montre comment la vidéo de son président sur YouTube marquait une nouvelle ère dans la communication en temps de crise.

Cependant, j'avais oublié le "détail" des mots clés et l'achat, par un cabinet d'avocats spécialisés en recours collectif, des mots "listeria" et "Maple Leaf", au plus fort de la crise...(Voir le chapitre intitulé L'entreprise, le Web et les médias sociaux: la peur de perdre le contrôle de son message). C'est d'autant plus curieux puisque je suis sensible à cet élément stratégique du référencement (organique il est vrai mais tout de même). D'ailleurs, j'en fais référence dans mon cours sur les relations avec les médias et j'ai presque écrit un billet dans la section Commentaires du propre billet de Michelle Blanc portant sur les communiqués de presse optimisés...

Bien que ce livre soit tiré des quelque deux milles billets rédigés depuis 2005, il s'agit certainement d'un best-of. C'est-à-dire une compilation des billets les plus éclairés et éclairants en matière de médias sociaux et de leurs répercussions sur les rapports humains, les entreprises, les communications-marketing (dont les relations publiques), la politique et le journalisme.

Sur ce dernier point, il semble que certains n'aient pas très bien digéré le chapitre sur le journalisme et les médias. Pourtant, à lire l'article de Nathalie Collard paru le 13 décembre 2010 intitulé Le correspondant à l'étranger 2.0, où la journaliste cite abondamment une étude de l'Institut Reuters, Michelle Blanc vise dans le mille en reprenant les recommandations d'Edward Roussel...  La seule référence absente de ce chapitre, à mon avis, et ne serait-ce que pour son apport historique, est Dan Gilmor et son We the Media de 2004, que je crois être aussi important que le Manifeste des évidences et La longue traîne. Mais cela, ça se discute...

Les Médias sociaux 101 n'est pas un "How to..." mais plutôt un "Why be...". Sans dénigrer l'importance du comment et des moyens pour le faire, je crois qu'au stade où nous en sommes, et dans une perspective purement pédagogique, le pourquoi demeure plus pertinent que le comment. Et sur ce plan, le livre de Michelle Blanc atteint admirablement bien la cible.

Depuis le trimestre d'hiver 2010, j'exige de mes étudiants qu'ils créent un blogue personnel. Cette activité compte pour 50% de la note finale; c'est dire l'importance que j'y accorde.

Vais-je vous surprendre si je vous dis qu'à peine 10 %, et dans le meilleur des cas 15% de mes étudiants avaient déjà un blogue ?  Sur mes 30 étudiants du trimestre d'automne 2010, quatre seulement rédigeaient des billets, et ce, plus ou moins régulièrement. Pour des étudiants en communications et relations publiques, les avantages de se bâtir un porte-folio numérique n'ont plus à être démontrés. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Chez les jeunes d'une part, mais également chez les plus vieux pour qui le blogue peut révéler toute l'expertise et, par ricochet, assurer à l'entreprise une mémoire...

Dans cette optique, j'ai été agréablement surpris par ce tweet de mon collègue Guy Litalien à propos de sa lecture récente des Médias sociaux 101 :


Je suis aussi ravi de vous annoncer que les plus persévérants et motivés de mes étudiants apprécient  le blogue, en comprennent la pertinence pour leur carrière et poursuivent l'activité au-delà du cours. Par contre, plusieurs étudiants me font également part des craintes de leur employeur dès que la nouvelle se répand. Plusieurs organisations voient leur blogue d'un mauvais oeil et c'est très regrettable.

C'est ici, encore, que Michelle Blanc fait oeuvre utile en nous rappelant que le plus grand risque, pour une organisation, c'est justement d'ignorer les médias sociaux.

Par ailleurs, quelques critiques s'en sont pris un peu bêtement à la forme de l'ouvrage plutôt qu'au fond. On semble avoir oublié que les médias sociaux sont d'abord et avant tout une question de fond. Sur ce plan,  ce premier ouvrage  n'a rien à se reprocher, bien au contraire.

Son recueil de billets prend la forme d'un récit. Michelle Blanc raconte ses histoires et partage ses meilleures références en misant bien entendu sur le potentiel des médias sociaux mais aussi en nous mettant en garde contre ses écueils. Elle le fait avec lucidité, authenticité, humour, transparence et générosité. Ce sont bien là quelques-uns des ingrédients pour réussir les communications de demain.

Je vous conseille donc d'aller chercher votre exemplaire dès que possible, pendant qu'il en reste encore. Cette première édition vaudra bien un jour son pesant d'or, ne serait-ce que pour sa profondeur et sa valeur historique.

Faites-en aussi cadeau à votre entourage professionnel ou à tout beau-frère ou toute belle-soeur qui douterait encore de l'importance et de la pertinence des médias sociaux à l'aube de 2011.



Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

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