31 décembre 2015

Bonne année 2016 !

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Un simple petit mot pour vous souhaiter une très bonne année en 2016 ! 

Plusieurs de mes collègues et amis ont vécu de dures épreuves en 2015, tant aux plans professionnel que personnel. À vous tous, si je peux vous rassurer : il y a bel et bien de la lumière au bout du tunnel. 

Pour ma part, je ne suis pas triste de voir partir l'année 2015; elle n'a pas été de tout repos pour moi non plus...

En matière de médias sociaux, je vous invite à consulter le billet de mon amie Michelle Blanc intitulé Mon bilan médias sociaux et numériques 2015. J'apprécie son approche et sa critique des "experts" de tout acabit...

Je vous convie aussi à découvrir (ou redécouvrir) les excellents billets de Benoit Descary, un autre collègue qui sait de quoi il parle !

Santé, Paix et Amour (les trois essentiels pour vivre heureux).

Merci de votre lecture et à bientôt !

Patrice Leroux

18 décembre 2015

Médias numériques 2015 et ... 2016

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Voici deux études où il est question de l'état des médias en 2015 et des tendances pour 2016.

L'année 2015 a été marquée par le triomphe de la mobilité, déjà annoncé au début de la décennie. 

Selon une étude de Lee Rainie, du Pew Research Center (novembre 2015), 39 des 50 sites de médias examinés reçoivent déjà plus de trafic par le biais des plates-formes mobiles que par le biais des ordinateurs de bureau.

Cependant, seuls 10 sites sur ces 50 constatent que les mobinautes passent plus de temps sur leur site que les "sédentaires". On peut facilement imaginer que l'attention ne peut être la même en situation de déplacement. À moins qu'il s'agisse aussi d'un enjeu d'interface et/ou de rédaction ? 

Quoi qu'il en soit, l'étude rappelle que mobilité et médias socio-numériques demeurent fortement unis; 41% des adultes Américains obtiendraient leurs nouvelles (actualités politiques notamment) par Facebook ! Autrement dit, les "amis" deviennent les curateurs/éditeurs de nouvelles. Espérons que cela ne devienne pas l'unique source d'information...

La prochaine grande vague...

La prochaine vague de grand changement concerne, bien entendu, l'internet des objets, mais aussi l'omniprésence des écrans... et de la vidéo. Combinés aux données et à la danse folle des algorithmes, la réalité virtuelle et l'intelligence artificielle modifieront profondément le monde du travail et de la consommation.

 
The Changing Digital Landscape: Where Things are Heading from Pew Research Center's Internet & American Life Project

La boule de cristal de 2016

Chez Ogilvy Public Relations et Ogilvy & Mather Advertising, on aime bien se lancer dans des prévisions reposant sur un ensemble d'études et de faits saillants. 

La première partie rappelle ce qui avait été annoncé pour 2015 : la stagnation de Twitter (aux USA surtout) et ses diverses tentatives pour augmenter ses revenus (dont l'essai du flux -timeline- qui n'est plus chronologique) !

Il est aussi question de la lutte que se livrent Facebook et Youtube sur le plan des vidéos (nombre de visionnement, vol par intégration et droits d'auteurs sont au menu), ainsi que de l'explosion de Snapchat en matière de diffusion quotidienne.

On prédit que les jeunes seront encore plus friands d'applications permettant l'anonymat, que les bloqueurs de publicité et la vidéo (particulièrement la vidéo à 360 degrés) connaîtront un essor sans précédent. Quand à Twitter...


Key Digital Trends for 2016 from Social@Ogilvy

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

29 novembre 2015

Carnet de bord (portfolio) numérique

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Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de portfolio numérique dans le cadre des études supérieures.

Le professeur Thierry Karsenti, de l'Université de Montréal, offre d'ailleurs gratuitement sa plate-forme Eduportfolio aux enseignants et apprenants de tous niveaux (pour un usage non-commercial) et ce, dans plusieurs langues. On l'utilise déjà dans plus d'une soixantaine de pays !

Comme le mot portfolio suggère une connotation rappelant davantage un aspect de type "vitrine", le mot carnet de bord demeure sans doute plus juste. 

C'est un des enseignants de mon équipe du certificat en communication appliquée, Yves Chapleau, qui suggère non seulement le mot carnet de bord mais également son implantation auprès des étudiants. D'ailleurs, un tel outil vient de s'intégrer à la plateforme d'apprentissage Studium.

En gros, le carnet de bord numérique vise une approche par compétences davantage que par objectifs d’apprentissage ou par cours. 

Il cible donc l’autonomie de l’étudiant incité à réfléchir à la suite de certaines actions pédagogiques. Ces dernières peuvent être enrichies par des « artefacts » de toutes sortes : travaux universitaires, participation à des conférences, présentations spéciales lors de colloques et même d'expériences d’ordre professionnel, entre autres. 

Toutefois, ces traces doivent pouvoir s’appuyer sur un référentiel de compétences ou encore sur des objectifs plus transversaux retrouvés dans l’ensemble d’un programme d’étude. Par exemple il pourrait s’agir de compétences en communication écrite et orale. 

Outre la collection de ces artefacts, l’étudiant doit donc réfléchir sur ses actions et surtout sur sa progression. C'est donc un espace qui lui appartient contrairement à une plate-forme d'apprentissage numérique qui incombe davantage à l'enseignant.

Il ne faut pas confondre le carnet de bord avec l'empreinte numérique au sens classique du terme (présence dans les médias sociaux) quoique ce carnet pourrait en faire partie.

Du savoir-faire au savoir-devenir

Un autre membre de mon équipe, André Laflamme, parle du carnet de bord numérique comme d'un savoir-devenir qui s'ajoute donc au savoir, au savoir-faire et au savoir-être.

Il s’agirait sûrement d’une valeur ajoutée pour un étudiant dont le seul CV entre en compétition avec des centaines d’autres. Bien qu’il s’agisse d’un espace qui appartienne d’abord à l’étudiant, ce dernier peut en rendre certains éléments publics pour faire part de ses compétences de manière plus concrètes. 

Hébergées sur un serveur de l’université et accompagnées, par exemple, d’une appréciation d’un enseignant, les compétences exposées obtiendraient davantage de crédibilité.  Il y a donc un lien intéressant à démontrer entre les milieux académique et professionnel.

Deux grands défis à l'horizon

Les enseignants doivent d'abord infléchir ce type d'orientation en fonction des compétences jugées essentielles dans un programme court de certificat (communication appliquée et relations publiques, par exemple). Par la suite, il faut trouver des façons pour stimuler l’intérêt des étudiants envers un tel outil personnel. 

On comprend aussi qu'il soit sans doute plus aisé d'offrir un tel outil dans des programmes plus spécialisés de premier cycle comme en sciences vétérinaires, en médecine dentaire ou en nutrition, mais les étudiants en communication pourraient sûrement en tirer un avantage, d'autant plus que la compétition demeure féroce dans ce domaine.

Qu'en pensez-vous ? Est-ce une piste intéressante pour nos étudiants ?

Merci de votre lecture !


Patrice Leroux

13 novembre 2015

Internet: Faut-il être parano ?

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Le "spécial techno" du magazine The Atlantic (novembre 2015) présente un article de Walter Kirn : If you're not paranoid, you're crazy

Toutes nos activités en ligne (téléphonie mobile comprise) sont-elles enregistrées quelque-part ? Les données peuvent-elles être croisées par le biais d'algorithmes sophistiqués ? Des parties tierces pourraient-elles s'en servir pour dresser notre portrait socio-démographique, nous influencer et nous manipuler ?

Romancier et écrivain, Kirn a publié Blood Will Out en 2014 où il raconte sa relation d'amitié avec l'imposteur et assassin Christian Gerhartsreiter (voir ici un article de La Presse et un dossier plus complet du L.A Times  ici). Voici un compte rendu de sa traduction française (ici).

Voilà pour le contexte assez récent de l'écrivain, lui-même victime de l'imposture. Il y a donc là matière à devenir un peu parano... 

Ici, Kirn se penche donc sur la surveillance du web et le forage de données (grandes entreprises technos et agences gouvernementales) à partir de certaines inférences jugées troublantes: recherches web (bien entendu), utilisation d'applications mobiles et de certains objets connectés tel qu'un bracelet de mise en forme (fitness trackers).  

Si les données de Google servent à nous vendre des produits et des services, que peuvent faire les gouvernements avec de telles données ?

Kirn raconte son périple du Montana, où il habite, en route vers le Centre de données de la NSA dans l'Utah. On dit que ce centre peut capter, stocker, organiser, filtrer, décrypter et analyser presque toutes formes de communication. 

Sans pouvoir révéler grand-chose, ce sont surtout les talents de narrateur de Kirn qui rendent l'histoire intéressante: sa visite au périmètre du terrain, l'absence apparente de vie humaine, l'arrivée  d'un objet non-identifié (un "hélicoptère noir" ou un drone ?) qui aurait procédé à une analyse de sa présence par balayage. Que pouvait analyser cet appareil sans doute des plus avancés ?

Son retour est marqué par l'écoute radiophonique de talk-shows apocalyptiques (un exemple ici) et surtout, d'un arrêt au Rocky Mountain Gun Show avec ses personnages habituels; sa description en demeure assez saisissante et donne froid au dos...

Deux phrases m'ont particulièrement étonné: 

"The gun show was not about weaponery, primarily, but about autonomy - construed in this case as the right to stand one's ground againt arrogant, intrusive new order whose instruments of suppression and control I'd seen for myself the night before."

[...]

" The irony was that preparing for such a fight in the only way these people knew how - by plotting their countermoves and hoarding ammo - played into the very scrutiny concerns that the overlords use to justify their snooping. The would-be combatants in this epic conflict were more closely linked, perhaps, than they appreciated."


À une époque où sont révélées des tas d'intrusions dans la vie privée des gens et même des organisations: la mise sur écoute du siège social des Nations-Unies par la NSA et AT&T (ici) la surveillance des télécommunications mobiles aux USA (ici), et bien sûr les révélations de Edward Snowden, Kirn se demande si on ne doit pas quelques excuses à certains théoriciens du complot ou autres cinglés du genre avec leurs légendes urbaines...

Y a-t-il des fantômes insoupçonnés dans nos appareils électroniques ? Doit-on au moins être plus prudent à défaut d'être complètement parano ?  La vie privée deviendrait-elle un concept archaïque comme Kirn semble le penser, surtout chez les millénaires ? La ruée vers l'auto-divulgation dans les médias sociaux ferait-elle partie d'un mécanisme de défense à cet égard ?

La paranoïa, même dans une forme sévère, n'apparaît plus comme étant un trouble, pour Kirn, mais plutôt comme un processus cognitif important. Plusieurs éléments semblent lui donner raison...

Je vous invite aussi à lire ce dossier de Michel Cartier: Une économie de la sécurité.


Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

26 octobre 2015

Pour la survie du journalisme

Édition Québec Amérique

Sous la direction de mon collègue Robert Maltais et de l'éditeur Pierre Cayouette, ce collectif offre un ensemble de constats et de réflexions sur l'état de la profession ainsi que sur son avenir. La dernière section est réservée aux points de vue de la jeune génération.

La  révolution numérique n'épargne aucun domaine. Pensons à ce qui s'est passé d'abord dans le monde musical il y a plusieurs années. 

Dernièrement encore, l'industrie du taxi et celle de l'hôtellerie (presque partout dans le monde occidental) avaient maille à partir avec les Uber et Airbnb de ce monde...  Et il semble bien qu'on n'en ait pas fini de sitôt avec les fameuses technologies perturbatrices (disruptive technologies)...

Mais la crise qui secoue le journalisme comporte des risques autrement plus graves en matière de démocratie, de liberté d'expression, d'accès aux informations (et aux données) véridiques et vérifiables, entre autres choses. 

Parmi les 21 auteurs, il faut souligner la contribution de Marc Laurendeau qui souligne l'effritement du journalisme international, les limites du journaliste-citoyen et le statut plus que précaire des correspondants-pigistes, tant aux plans de la sécurité que de l'éthique.

Pour Alain Saulnier, si le journalisme d'enquête demeure le fondement et la quintessence du journalisme, le numérique "peut faire du journalisme d'enquête une voie d'avenir pour réaffirmer la pertinence des professionnels de l'information".

En effet, le journalisme de "faits divers" semble trop souvent dominer l'espace public. Encore dernièrement, je pestais contre un canal de nouvelles en continu qui avait planté une pauvre journaliste devant un immeuble désert où "un homme se serait barricadé dans son logement depuis trois heures ce matin..." et où on attend qu'il se passe quelque chose... Ouf ! J'avais déjà traité de cette tendance misérable en juin 2014 dans un billet intitulé L'information inutile...

Tweet first, verify later ? 

C'était le titre d'une étude de Nicola Bruno en 2010 (ici) à la suite du tremblement de terre catastrophique en Haïti et de sa couverture médiatique. C'est un peu aussi dans cette optique que le chroniqueur politique Gilbert Lavoie signe son texte La rapidité avant la véracité des faits

L'accélération de l'information et les invitations d'experts en tous genres pour commenter l'actualité du moment comportent des risques souvent significatifs. [...] "en sacrifiant parfois la véracité de la nouvelle à la rapidité de sa diffusion, les médias mettent en péril la qualité de cette information".

Le chroniqueur judiciaire Yves Boisvert souligne pour sa part que malgré les formidables possibilités des nouveaux médias, la distance et le recul sont nécessaires à la mise en perspective et à l'esprit critique. 

Sombrer dans le pessimisme ?

Selon Pierre Cayouette, le "véritable journalisme demande du temps" et la "plus grave erreur de la presse écrite serait d'imiter la presse électronique dans sa volonté d'instantanéité". 

Pour survivre, la presse écrite doit "miser sur la quête du sens", sur une analyse en profondeur, sur la rigueur ainsi que sur la qualité de la langue, entre autres. Dans cette optique, le salut passerait aussi par un retour vers un journalisme plus spécialisé et non généraliste.  Il faut dire aussi que dans un flot ininterrompu d'informations et de commentaires incessants, le lecteur aurait tout intérêt à prendre du recul devant certains événements. La contribution journalistique peut favoriser ce type de recul et c'est dans cette perspective que la presse écrite - peu importe le support - doit demeurer optimiste.

Extraction, journalisme de données et programmation

Par ailleurs, j'ai apprécié aussi le texte de Jean-Hugues Roy:  Le grand dérangement numérique: plaidoyer pour un journalisme hacker. Le professeur de l'UQAM retrace les premiers "assauts numériques" dans le monde journalistique, les débuts du journalisme-citoyen et la percée des médias socio-numériques non seulement comme relais vers les contenus mais auprès des journalistes mêmes. 

Il dénonce également la tendance sournoise qui incite les journalistes à produire des contenus... disons plus populaires et mesurés au taux de clic. Le journaliste ne doit pas devenir un cheerleader et encore moins un publicitaire ! Le passage sur l'intelligence artificielle, le journalisme de données et l'automatisation est particulièrement intéressant. J'avais d'ailleurs glissé un mot sur le logiciel Wordsmith (ici) en août 2015, dans un billet sur l'avenir du travail. 

Ce qu'il faut retenir du texte de Roy demeure son plaidoyer en faveur de la maîtrise des techniques d'extraction de données et même de programmation. Si l'avenir du journalisme repose en grande partie sur l'enquête, les "news getters de demain sont ceux qui seront capables de fouiller efficacement dans ces réseaux pour y débusquer l'information" (p. 141).

Participer à une révolution...ou non

Maryse Tessierjournaliste responsable des médias sociaux à La Presse+ (et particulièrement de sa page Facebook), souligne sans ambages que "la frontière peut être mince entre mon travail de journaliste et mes tâches de promotion des articles et des dossiers de mes collègues dans une optique davantage publicitaire".  Il faut donc composer avec des éléments qui semblent s'opposer: "rester dans sa tête de journaliste tout en tenant compte des variables de temps et de production imposés par les collègues de La Presse+". 

De son côté, Maia Loinaz raconte de façon quasi pamphlétaire pourquoi elle ne sera pas journaliste, n'épargnant personne au passage dont les établissements d'enseignement offrant un cursus en journalisme. Sa réflexion très personnelle, à titre de journaliste, de comédienne et d'auteure est intéressante.

Enfin, Thomas Gerbet, malgré ses inquiétudes, entrevoit l'avenir du journalisme par le biais de la collaboration (et non de la concurrence effrénée). Si le métier exige aujourd'hui une "polyvalence déroutante", le développement du transmédia ainsi que le journalisme de vérification des faits annoncent aussi de belles perspectives.

Je n'ai fait qu'effleurer la pensée d'un peu moins de la moitié des auteurs de cet excellent ouvrage. Les journalistes - Pour la survie du journalisme - devrait interpeller tous ceux et celles qui s'intéressent au nouvel écosystème des médias et, par le fait même, à l'ensemble des communications.

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux



7 octobre 2015

Storytelling : tactique efficace ?

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Le Storytelling (ou communication narrative) est un des moyens de communication parmi les plus anciens.

Historiquement, c’est d’abord par la transmission orale puis en littérature, en journalisme et au cinéma que les techniques de la communication narrative ont été les plus utilisées.

Depuis quelques années, le monde des communications corporatives (marketing, publicité et relations publiques) semble vouloir mettre davantage l’accent sur divers récits narratifs (ou storytelling en anglais).

Ces récits sont  centrés sur la condition humaine dans le but d’attirer l’attention du public, pour l’influencer, l’émouvoir, renforcer  une idée ou un concept, toujours au service d’une organisation, d’une marque ou d’un produit. 

Pensons à ce que font de grandes marques mondiales comme Heineken ou Red Bull. Les histoires (réelles ou fictives) et événements créés autour de ces produits permettent aux consommateurs de s’identifier à certaines valeurs, modes de vie et images fortes…

Il  s’agit donc d’un ensemble de techniques utilisées pour raconter une histoire faisant appel  à une vaste gamme d’émotions et de sentiments. 

Une histoire transmise avec des recours émotifs demeure habituellement plus convaincante que celle utilisant la logique argumentative ou encore le battage publicitaire répétitif du style "...lave plus blanc...".

De plus, quand on réussit à stimuler l’émotion, on encourage la mémoire…

Malgré la variété des formats (conte, discours, saga, témoignage), celle des supports (conférence, texte, vidéo, web) et un éventail de registres (comique, épique, ludique, merveilleux, pathétique, etc.) le storytelling reprend essentiellement un même grand schéma.

Un schéma narratif qui a fait ses preuves 

Dans sa plus simple expression, ce schéma comprend une mise en situation initiale (personnage et environnement) suivie par l’apparition d’un élément perturbateur qui, à son tour, déclenche une quête. 

Cette quête (ou objectif)  provoque des éléments de péripétie (défi, épreuve, rencontre, combat, victoire ou défaite); c’est souvent la matière première d’une histoire.  

La résolution de la quête ou l’atteinte de l’objectif crée un moment de tension menant au dénouement (heureux, le plus souvent !). Ce schéma offre donc un cadre quasi universel dans la forme mais non dans le contenu.

Pouvez-vous reconnaître certains éléments du schéma narratif dans les exemples suivants ?

1)   Le grand patron de Tesla Motors présente un dispositif élégant de batteries pour stocker l’énergie solaire ou électrique.  Est-ce le début d’une transition vers un monde d’énergie durable ?

Elon Musk debuts the Tesla Powerwall (18 minutes)




2)      La mission de la Fondation  Make-A-Wish® / Fais-Un-VœuMD Québec  consiste à réaliser le rêve d’enfants atteints de maladies très graves. Plusieurs textes témoignent de vœux accomplis. 

Le texte ci-dessous  opte pour un procédé narratif objectif mais néanmoins poignant.

« Je souhaite aller nager avec les dauphins »


3)   Dans un tout autre registre,  Nespresso fait appel à deux acteurs populaires pour mousser ses capsules de café. Jusqu’où peut-on aller pour déguster sa boisson favorite ?

Georges Clooney et Jean Dujardin pour Nespresso (2 minutes)




Le schéma narratif pour la communication interne ?

En communication interne, on entend souvent parler de mise en récit organisationnel (organizational narrative) où des techniques de communication narrative sont aussi utilisées dans divers contextes.

Le récit organisationnel doit pouvoir s’inspirer d’une identité forte : mission, vision, culture d’apprentissage et sensibilité aux  grands enjeux sociétaux. Il peut, par exemple, raconter une réalisation de l’entreprise à travers le récit qu’en font ses dirigeants. 

Ultimement, la rédaction de discours, de communiqués et même la présentation d’un rapport annuel peuvent intégrer des éléments de communication narrative.

Par ailleurs, il n’est pas rare de lire ou d’entendre des histoires mettant l’accent sur une réussite ou une épreuve vécue par un membre de l’organisation, dans le but d'établir une proximité et une connexion plus humaine avec les employés.

Enfin, il est entendu que les diverses mises en récit organisationnel participent à l’élaboration de la réputation de l’organisation. Pour certains spécialistes, cette mise en récit organisationnel définit même la pratique des relations publiques contemporaines.

La communication narrative, quel que soit son contexte particulier, demeure un puissant levier stratégique pour annoncer des intentions de transformation, de changement ou de renouvellement;  son schéma narratif  de base permet de les mettre en oeuvre.

Êtes-vous prêt à raconter votre histoire ?


Quelques références intéressantes

Il était une fois le storytelling (Solenne Durox)

Le Storytelling ou la communication narrative, support de la culture organisationnelle dans la vidéo d’entreprise (Mémoire de Sophie Queval)

The Irresistible Power of Storytelling as a Business Tool (Harrison Monarth)

The art of storytelling in 6 content marketing context questions (J-P De Clerk)

Gombita, Judith, Constructing the Organizational Narrative : PR définition in the making.

2015 Design Trend to Watch: Responsive Storytelling

25 septembre 2015

Page d'accueil des sites adaptatifs : esthétisme ou orientation ?

Image courtoisie de 2nix -freedigitalphotos.net

Trois grand principes guident ma formation en rédaction web: orientation, information et action. 

Dernièrement, je me suis posé une question quasi existentielle au sujet de la page d'accueil des sites web adaptatifs (responsive design). 

Il me semble que la plupart optent pour une page d'accueil où l'esthétisme prime par rapport aux contenus stratégiques. 

Par exemple, le site adaptatif de ma Faculté se déploie d'abord comme ceci:



Le logo de l'Université demeure bien en vue, puis le carrousel se met en branle avec ses trois ou quatre messages d'une dizaine de secondes chacun (les messages sont cliquables). Enfin, un court texte de bienvenue décrit la mission de la Faculté.

Pour découvrir les rubriques principales, il faut cliquer sur l'icône du menu représenté par le fameux "hamburger" (trois lignes verticales et égales), placé dans la partie supérieure gauche de l'écran. Voici le résultat:




Un autre exemple: celui du site adaptatif de l'Ordre des ingénieurs du Québec.



On retrouve ici, au centre et assez bien en vue, le nom de l'organisme; le menu "hamburger" se trouve cette fois à droite et vers le milieu de l'écran. 

Au-dessus, un champ de recherche, un espace destiné au "login" des membres, des liens vers ses médias socionumériques et le choix de langue.  La dernière section du bas intitulée À LA UNE est un carrousel contenant aussi trois ou quatre messages défilant à toutes les cinq secondes environ (cliquables aussi). 

Les rubriques principales s'affichent donc, ici aussi, en cliquant sur le menu "hamburger". Voici le résultat:




Esthétisme ou orientation ?


D'une certaine façon, l'approche esthétique (au détriment des contenus) me rappelle les anciens "splash screen" (ou écran fugitif) de la fin des années 90. 

Vous vous en souvenez ?  La page d'accueil présentait une image ou un graphique (le logo de l'organisation), parfois accompagné d'un texte très court et assez souvent, d'un choix de langues... avant de nous amener vers les contenus principaux. 

Pour plusieurs spécialistes, il s'agissait d'une perte de temps. D'autres défendaient le principe en invoquant le temps de téléchargement; le splash screen rassurait l'internaute qu'il ou elle était au bon endroit...

Les contenus poussés par l'organisation sont-ils toujours pertinents pour l'internaute ?

Quand on est en situation de recherche d'information avec son appareil mobile, il me semble qu'on veut trouver rapidement les principales rubriques. Or, l'approche esthétique se fait plutôt au détriment de l'orientation ou de l'accès aux contenus principaux; il faut cliquer sur le "burger" pour y accéder. 

D'autre part, certains experts jugent les informations en carrousel inutiles pour cause de taux de clics bien maigres (voir ici). Le carrousel dans un site adaptatif peut-il faire mieux ? On peut en douter...

Faut-il donc préférer l'approche esthétique (est-elle vraiment plus ergonomique aussi) à une approche d'orientation donnant plus rapidement accès aux contenus ? C'est la question que je me pose encore...

Qu'en pensez-vous ?

Enfin, d'autres organisations optent plutôt de développer une application dédiée pour la mobilité, la préférant au design adaptatif. Il me semble que l'un n'empêche pas l'autre...

Par exemple, le site de notre Société des alcools du Québec ne semble pas avoir adapté son site pour mobile. Que dois-je faire si je ne tiens pas à télécharger son application ?




Google offre un test de compatibilité mobile. Il suffit d'insérer l'url d'un site et on obtient le verdict en quelques secondes...





Curieusement, le site de la Ville de Montréal n'offre pas non plus d'adaptation...



Dans ce cas, je préfère tout de même un site adaptatif dont la page d'accueil présente des contenus qui ne m'intéressent pas nécessairement, quitte à cliquer sur le "burger"... 

;-)

Merci de votre lecture !


Patrice Leroux



19 septembre 2015

Outils et flux de travail en relations publiques



My PRStack est une publication collaborative conçue par une communauté de 19 professionnels anglais. L'éditeur (ou le curateur) est Stephen Waddington

Près d'une cinquantaine d'outils numériques servant au flux de travail (workflow) des spécialistes en relations publiques et communications y sont présentés.

Sorti au printemps 2015, l'ouvrage demeure un excellent guide de référence malgré l'évolution des outils. Dans cette optique, je ne suis pas surpris qu'une deuxième édition était en cours dès l'automne suivant...

L'éditeur a pris le soin de trier les outils selon six grands axes: l'écoute et la planification, le contenu, la curation, développement de relations numériques, des outils de flux de travail, la gestion de projets et sa mesure.

Quelques outils intéressants parmi la panoplie offerte. Certains sont plus connus que d'autres...

Écoute et planification

Brandwatch et Topsy

Développement de contenus

Import.io et Moz

Curation

Flipboard

Développement de relations numériques

Circloscope (pour Goggle +) et ResponseSource

Flux de travail

Buzzsumo et Lissted 

Gestion de projets et sa mesure

Asana

Enfin, je m'en suis procuré une copie imprimée chez Blurb (même si on peut retrouver l'ensemble de ses contenus sur Slideshare).

Bonne découverte !



My PRstack – A practical guide to modern PR tools and workflow from Prezly


Et merci de votre lecture !

Patrice Leroux

13 août 2015

Main-d'oeuvre et travailleurs du savoir en déclin ?

Image courtoisie de Boians Cho Joo Young/freedigitalphotos.net

Cela fait des lunes qu'on annonce la fin du travail pour cause de mécanique et de technologie. Était-ce prématuré ? Et si les experts avaient raison ? Cette éventualité serait à nos portes maintenant. Y croyez-vous ?

C'est ce qu'examine Derek Thompson dans son papier "A World Without Work" paru à la une du Atlantic en août 2015.

Selon l'auteur, citant une recherche d'Oxford (ici en pdf), l'informatique (et ses corollaires) est susceptible d'arracher la moitié des emplois américains d'ici deux décennies. La recherche souligne même que, au plan mondial, 140 millions de travailleurs dit du savoir (knowledge workers) pourraient perdre leur emploi à cause d'algorithmes de plus en plus sophistiqués (voir page 19).

Des travaux que des robots peuvent réaliser : production manufacturière (-30% d'humains depuis 1970), et bientôt le transport routier et la livraison de marchandises (les drônes d'Amazon ne sont peut-être pas une utopie si lointaine...).

En fait, selon des chercheurs de l'Université de Chicago (voir ici), la lente diminution de la main-d'oeuvre est palpable depuis les années 2000 aux USA; le capital prend sa place et la robotique réalise des tâches avec plus de dextérité que celle des humains (et les promesses du Cloud Robotics sont encore plus surprenantes).

Les chercheurs estiment d'ailleurs que la moitié du déclin est attribuable à l'informatique (matérielle et logicielle). En 1964, une des plus grandes entreprises américaines valait $ 267 milliards (en dollars d'aujourd'hui) et comptait plus de 750,000 employés : AT&T. 

Le géant d'aujourd'hui (Google) en vaut près de $370 milliards mais emploie 55,000 personnes, 1/10e d'AT&T à l'époque.

Ce phénomène semble annoncer la fin de la classe moyenne telle que l'envisage Tyler Cowan (voir ici). Un travailleur américain sur six (24-55 ans) est sans emploi ou hors main-d'oeuvre...

Vers un monde de loisirs ? 

On l'a déjà entendu celle-là !  Mais comment se payer des loisirs quand il n'y a pas de salaire. Sans travail ni salaire, comment trouver un but à sa vie ? Et que penser de l'estime de soi ou de son statut ?

Un retour vers une forme d'artisanat ?

Selon l'économiste Lawrence Katz, la prochaine vague d'automatisation pourrait signifier le retour de l'artisanat (un retour à l'ère pré-industrielle) mais où l'imprimante 3-D, par exemple, pourrait y jouer un rôle important. On le voit déjà dans des lieux partagés de fabrication appelés "makerspaces" comme celui-ci à Victoria ou encore celui de la Columbus Idea Foundry.

Si la main-d'oeuvre décline à ce point, les makerspaces pourraient obtenir du soutien de l'État puisque ce type de lieu peut engendrer de l'entrepreneurship. Les maux du chômage sont nombreux et souvent désastreux, tant aux plans individuel que collectif. Quel rôle devrait jouer les gouvernements dans un tel contexte ? 

Y a-t-il un avenir sans travail ? Cela serait étonnant. Moins de travail mais plus d'activités (sociales, communautaires, etc.), c'est possible pour plusieurs catégories de travailleurs. Du moins, c'est à espérer.

Les relations publiques à l'abri ?

On pourrait croire que les actions de relations publiques ne peuvent être automatisées puisqu'il s'agit généralement de tâches non routinières. 

Rechercher, persuader, négocier, rédiger, faire preuve de jugement, comprendre un enjeu selon un contexte précis nécessitent la compréhension d'un environnement complexe. D'ailleurs la  recherche d'Oxford (page 28) citée plus haut semble mettre la profession à l'abri, et même davantage que la chirurgie. 

Par contre, David G. Philips vient de publier "The Automation of Public Relations" chez Blurb. Il en parle aussi dans cette entrevue audio

Puisque plusieurs tâches de type journalistique sont déjà automatisées (voir exemples ici et ici) grâce à des programmes comme Wordsmith, il n'est pas impossible de penser que certaines tâches de relations publiques peuvent être automatisées. 

Les progrès de l'intelligence artificielle dans le traitement des données massives font déjà leurs preuves en communications sportives et financières...

Ces développements méritent d'être suivis avec beaucoup d'attention !

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

31 juillet 2015

Collaboration et innovation universitaires

Image courtoisie de 2nix/freedigitalphotos.net

Ce billet fait suite à celui que j'ai écrit en mai 2015 concernant " L'économie de l'innovation selon Jim Balsillie".

Il s'agit en fait de la réponse (publié ici par le G&M) du président/recteur de l'Université Simon Fraser, Andrew Petter, à la suite de l'essai du co-fondateur de Research in Motion/Blackberry

Pour rappel, Balsillie disait (ici) que si le Canada peut innover, il n'a pas les ressources (juridiques, entre autres) pour obtenir du succès. L'enjeu de la propriété intellectuelle y jouerait même un rôle significatif quant à sa contre-performance.

Selon Petter, le Canada détient un bien triste record en matière d'innovation. Citant des chiffres de l'OCDE il se situerait parmi les derniers au plan des investissements en recherche de la part des entreprises. 

Pis encore, le Canada serait le seul pays développé qui dépense davantage pour obtenir des technologies développées ailleurs (contrairement aux autres pays); on y reconnaît aussi un déficit au plan de la propriété intellectuelle.

Par contre, malgré les contraintes dites structurelles (ou arguments habituels)  - le Canada demeure dominé par des multinationales qui font leur R&D ailleurs; les entreprises ne sont pas assez grosses pour développer leur propre unité de recherche; les projets de recherche universitaire meurent avant toute possibilité de mise en marché - la situation exige d'autres types de solution. 

Celle proposée par Balsillie aborde la question d'offrir aux chercheurs universitaires un "crédit académique" pour la mise en marché de leur R&D (voire même de conserver tous les droits de propriété intellectuelle).

Cependant, Petter souligne que cet argument ne tient pas la route. Ce serait plutôt le marché qui n'offre aucune motivation particulière pour que les chercheurs commercialisent leur recherche. Ce dont les chercheurs ont surtout besoin, c'est de l'information au sujet des besoins du marché et des occasions de mise en marché potentielle.

Petter propose aussi une stratégie qui d'après-lui, serait plus productive : une plus grande interaction ou mise en commun entre les communautés de chercheurs du pays, bref une collaboration au sens large. Il cite en exemple le cas de 4D Labs  (un projet Prometheus ) où la collaboration entre chercheurs, industries et institutions diverses leur permette d'en savoir davantage sur les besoins de la société. Ce type de collaboration a mené vers des réalisations tangibles telles que celle proposée par NanoTech Security Corp.

La clé demeure donc la collaboration qui conduit à "l'innovation ouverte". La création d'espaces ouverts - sans bataille de clochers - où plusieurs joueurs peuvent travailler conjointement à résoudre des problèmes semble vouée, en effet, à un bel avenir. 

Ce type d'espace se voit de plus en plus en Colombie-Britannique et en Ontario (par exemple voir ce que fait Ryerson à ce sujet ici).

La grande question: les universités québécoises sont-elles prêtes à emboîter le pas ? Peut-on voir plus loin que les "marchés" de Longueuil, Laval ou Trois-Rivières pour se développer et devenir véritablement productif ?

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux


 
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