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Ce billet fait suite à celui que j'ai écrit en mai 2015 concernant " L'économie de l'innovation selon Jim Balsillie".
Il s'agit en fait de la réponse (publié ici par le G&M) du président/recteur de l'Université Simon Fraser, Andrew Petter, à la suite de l'essai du co-fondateur de Research in Motion/Blackberry.
Pour rappel, Balsillie disait (ici) que si le Canada peut innover, il n'a pas les ressources (juridiques, entre autres) pour obtenir du succès. L'enjeu de la propriété intellectuelle y jouerait même un rôle significatif quant à sa contre-performance.
Selon Petter, le Canada détient un bien triste record en matière d'innovation. Citant des chiffres de l'OCDE il se situerait parmi les derniers au plan des investissements en recherche de la part des entreprises.
Pis encore, le Canada serait le seul pays développé qui dépense davantage pour obtenir des technologies développées ailleurs (contrairement aux autres pays); on y reconnaît aussi un déficit au plan de la propriété intellectuelle.
Par contre, malgré les contraintes dites structurelles (ou arguments habituels) - le Canada demeure dominé par des multinationales qui font leur R&D ailleurs; les entreprises ne sont pas assez grosses pour développer leur propre unité de recherche; les projets de recherche universitaire meurent avant toute possibilité de mise en marché - la situation exige d'autres types de solution.
Celle proposée par Balsillie aborde la question d'offrir aux chercheurs universitaires un "crédit académique" pour la mise en marché de leur R&D (voire même de conserver tous les droits de propriété intellectuelle).
Cependant, Petter souligne que cet argument ne tient pas la route. Ce serait plutôt le marché qui n'offre aucune motivation particulière pour que les chercheurs commercialisent leur recherche. Ce dont les chercheurs ont surtout besoin, c'est de l'information au sujet des besoins du marché et des occasions de mise en marché potentielle.
Petter propose aussi une stratégie qui d'après-lui, serait plus productive : une plus grande interaction ou mise en commun entre les communautés de chercheurs du pays, bref une collaboration au sens large. Il cite en exemple le cas de 4D Labs (un projet Prometheus ) où la collaboration entre chercheurs, industries et institutions diverses leur permette d'en savoir davantage sur les besoins de la société. Ce type de collaboration a mené vers des réalisations tangibles telles que celle proposée par NanoTech Security Corp.
La clé demeure donc la collaboration qui conduit à "l'innovation ouverte". La création d'espaces ouverts - sans bataille de clochers - où plusieurs joueurs peuvent travailler conjointement à résoudre des problèmes semble vouée, en effet, à un bel avenir.
Ce type d'espace se voit de plus en plus en Colombie-Britannique et en Ontario (par exemple voir ce que fait Ryerson à ce sujet ici).
La grande question: les universités québécoises sont-elles prêtes à emboîter le pas ? Peut-on voir plus loin que les "marchés" de Longueuil, Laval ou Trois-Rivières pour se développer et devenir véritablement productif ?
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux