30 mars 2013
Controverse aux conférences TED
Il y a un peu de bisbille aux conférences TED en cette fin mars 2013.
C'est que l'écrivain britannique controversé Graham Hancock y a donné une conférence dans le cadre du TEDx de WhiteChapel en janvier dernier.
Or, sa présentation, disponible sur le grand site phare de TED (en fait, via son propre canal Youtube) est retirée, apparemment à cause de ses lacunes scientifiques. À mots couverts, on accuse l'auteur de désinformation tandis que plusieurs y voient plutôt un acte de censure inacceptable.
Néanmoins, TED ne s'est pas complètement défilé. On y a ouvert un espace de débat à la suite de cette mise au point et établi un lien vers la présentation en question, disponible sur Vimeo, entre autres. Elle ne le sera plus sur le site de TED, tout simplement; l'organisme préfère ne plus la cautionner.
Pour savoir de quoi il s'agit, voici la présentation en question. Loin d'être inintéressante, je ne suis quand même pas habileté à l'appuyer ni à la réprouver, au plan scientifique. Ce n'est pas mon affaire ! Il s'agit simplement d'une personne qui raconte son expérience personnelle selon un contexte particulier, avec ses propres avis, comme tant d'autres conférenciers passés chez TED...
Ce que je trouve curieux chez TED, c'est la décision de retirer la présentation de sa plate-forme après l'avoir diffusée pendant quelques semaines. Je n'ai pu m'empêcher d'y mettre mon propre grain de sel, après y avoir lu un commentaire en particulier:
John Hoopes wrote earlier: "The question is whether the iffy, fringe-y, woo-woo nature of the poor quality talk diminishes the value of the TED brand under which it appears. I think it does. For me, it's an issue of quality control, which I think TED has every right to exercise in whatever way it sees fit. Public clamor has little to do with quality, IMHO."
Yet we can read from Craig Weller's link (TEDxHollywood has been axed by TED) : [...] "We [TED] disallow speakers who use the language of science to claim they have proven the truth of ideas that are speculative and which have failed to gain significant scientific acceptance".[...].
If that is the case, why invite Graham Hancock at all? Worst of all, why show his presentation to remove it later? I would have expected better foresight from TED. One would have to question TED's credibility as equally as Hancock's in this situation.
En effet, ce "contrôle de qualité" arrive bien tardivement dans ce cas. Je ne crois pas que tout cela ébranle véritablement les colonnes du temple TED mais connaissant assez bien les Américains et leur profond attachement à la liberté de parole, il faudrait sans doute agir avec plus de précaution.
Qu'en pensez-vous ?
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux
21 mars 2013
Marketing anthropologique
Saviez-vous que Microsoft est le deuxième plus important employeur d'anthropologues au monde, tout de suite après le gouvernement américain ?
L'idée même de l'anthropologue, observateur des moeurs d'une lointaine race autochtone ou de l'archéologue à la découverte de pointes de flèche ou d'artefacts semble de plus en plus éloignée.
Aujourd'hui, une poignée d'entreprises proposent des études ethnographiques assez sophistiquées, au service du marketing de grandes corporations. Ces entreprises s'entourent de diplômés en sciences sociales issus de l'anthropologie, de la sociologie et de la philosophie, entre autres.
C'est ce que nous apprend Graeme Wood de la revue The Atlantic dans un article intitulé Anthropology Inc.
Ce type de recherche sociale et culturelle détonne par rapport à la présence écrasante des grandes firmes quantitatives à la McKinsey et autres Boston Consulting Group.
Il s'agit donc d'aller beaucoup plus loin pour tenter de comprendre les motivations profondes des consommateurs, de détecter leurs "cordes sensibles" en dépassant notamment les sondages téléphoniques ou web, ainsi que les focus groups classiques, devenus imprécis et insatisfaisants, voire même caduques selon certains.
Qui propose ce genre de recherche ? Une firme telle que RED Associates.
Ses consultants sont pour la plupart des détenteurs de maîtrise (parfois de doctorat) qui ont délibérément délaissé la sphère académique - avec ses contraintes éthiques, disons le franchement - et où il y a de moins en moins de postes de toute façon...
Leurs techniques reposent sur une sorte d'observation directe et participative, enregistrée sur des supports numériques telles que la vidéo et la photographie, bref des techniques issues de l'ethnographie.
Que cherchent-ils au juste ? À mieux saisir les facteurs humains autour d'un acte d'achat, qu'il s'agisse de spiritueux, d'appareils technologiques ou même ménagers.
C'est qu'on semble découvrir que la signification culturelle des objets de consommation est fondamentale, autant sinon plus que leur utilité même ou que leurs spécifications particulières...
Un des co-fondateurs de RED Associates, le Danois Christian Madsbjerg, offrirait même une lecture heideggerienne de votre industrie ou business. Un objet (de consommation) n'est jamais complètement distinct de son sujet (ou de son propriétaire). Ce n'est pas rien de pouvoir déceler les "impondérables" malinowskiens de la vie ! Les théories post-structuralistes au service des affaires : évolution ou haute trahison ?
L'Asie: un terrain fertile pour ce type d'études ethnographiques
L'article nous apprend par exemple qu'en Chine, le concept très américain de PC (Personal Computer) ne se vendrait pas aussi bien qu'un ordinateur positionné pour être partagé par la maisonnée. Les Chinois ne sont pas attachés aux objets de la même manière que les Américains ou les Européens.
Coca-Cola, malgré ses immenses ressources, aurait également compris, à la suite d'observations ethographiques, que ses boissons à base de thé se vendraient mieux si on laissait aux consommateurs le choix de choisir le produit sur le plan du dosage en théine. On sert du thé fort à de bons amis ou à des gens auxquels on veut se rapprocher mais pas à de nouvelles rencontres...
Le géant coréen Samsung aurait aussi compris, suite à de telles recherches, que ses téléviseurs étaient davantage prisés non pas à cause de leurs spécificités techniques mais plutôt à cause de leur intégration au mobilier de la maison ou encore au décor d'une pièce.
Alcools et spiritueux ou comment mieux vendre !
L'article mentionne ainsi une de ces études ethnographiques faite pour la vodka Absolut (distribué par Pernod Ricard USA) dans le cadre de partys privés, à la maison. On découvre que les histoires racontées autour d'un produit alcoolique (découverte, lieu d'achat, expérience passée ou anecdote autour du produit, etc.) sont le véritable moteur de l'acte d'achat, davantage que la marque elle-même ou encore de son prix.
Sans aller dans le détail, la vidéo de promotion suivante relate une de ces études plus profondes pour le compte du géant français Pernod Ricard; il s'agissait de mieux comprendre, par exemple, la place ou le rôle de l'alcool dans la vie des gens, dans ce cas-ci des "boomers" britanniques.
A Rich World View from ReD Associates on Vimeo.
Fascinant n'est-ce-pas ?
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux
9 mars 2013
Yahoo ! est-il toujours crédible ?
Yahoo! est-il toujours crédible ? Le géant quasi déchu du web, malgré ses propriétés et un auditoire toujours aussi impressionnants, semble toujours sur la corde raide: chiffre d'affaires en baisse, postes supprimés, ventes de feu...
Encore dernièrement, on apprenait que son CEO, la célèbre Marissa Mayer, bannissait tout travail à distance chez de nombreux employés [source].
Apparemment, les données VPN révélaient une très pauvre fréquentation... On y apprend aussi que la CEO est obsédée par les données sur lesquelles toutes ses décisions stratégiques seraient prises.
N'entend-t-on pas dire que les leaders du futur seront des créatifs et non des grands quantitatifs ? Ne faudrait-il pas chercher davantage à comprendre pourquoi la fréquentation est si faible AVANT de passer au couperet ?
Quoi qu'il en soit, je me permets de lancer l'hypothèse assez osée suivante : la perte de crédibilité de Yahoo! (et les conséquences sur ses affaires) a commencé avec une pauvre gestion de son service de courriel flottant.
Je ne compte plus les fois où j'ai reçu des pourriels (spam) de la part de comptes Yahoo! au cours des dernières années et les messages d'excuses qui s'ensuivent du type : "excusez-moi, je me suis fait hacker mon adresse Yahoo!".
J'en recevais encore de ce type en février dernier tandis que le site BostInno révélait un "widespread hack outage spamming report" en janvier 2013.
Bien entendu, on pourra toujours avancer que les problèmes de Yahoo! en sont un d'abord d'identité: moteur de recherche ou portail de contenus web ?
Paul Graham, co-fondateur de Viaweb (devenu plus tard Yahoo! Store) et un des fondateurs de l'incubateur de startups YCombinator, n'y allait pas de main morte dans son célèbre billet de 2010 : What happened to Yahoo.
D'autres, comme moi d'ailleurs, se sont étonnés de la vente de Delicious en 2011, un canal pourtant assez prometteur dans l'optique du phénomène de la curation web. Et pourtant, je remarque que cela fait des lunes que j'ai fréquenté mon propre compte Delicious...
Quant à Flickr, je semble lui préférer Pinterest...
Qu'en pensez-vous ? Ai-je raison d'attribuer les maux de Yahoo! aux problèmes de courriel et de spam ?
Informations complémentaires:
The Rise and Fall of Yahoo: The Infographic (Lena Rao)
http://techcrunch.com/2011/01/19/the-rise-and-fall-of-yahoo-the-infographic/
The Mayer Factor: A Forecaster's Take on Yahoo's future (Sam Scott)
http://alumni.stanford.edu/get/page/magazine/article/?article_id=55344
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux
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