Image courtoisie de Gage Skidmore |
"Trump, however, didn’t cause the chaos. The chaos caused Trump. What we are seeing is not a temporary spasm of chaos but a chaos syndrome."
Jonathan Rauch - How American Politics Went Insane - The Atlantic
Plusieurs avaient cru d'abord au canular ou à une farce.
Ceux-là même constatent aujourd'hui que le candidat républicain à la présidence américaine aurait une chance réelle de s'installer à la Maison-Blanche...
Vraiment ? Sans blague ?
Malgré les déclarations chocs de Trump - qu'il serait inutile de rappeler à ce stade - (en voici quelques-unes quand même, recensées par Le Figaro juste au cas où) ...
Malgré le premier débat télévisé dont ce sondage Reuters/ IPSOS (septembre 2016) qui donne Hillary Clinton gagnante...
Malgré une part non négligeable de l'establishement républicain même qui conteste Trump - ici et ici -...
Malgré un bon nombre de médias d'influence qui s'opposent à Trump comme dans ce délicieux article de Frank Bruni du NYT ou encore cette prise de position historique du USA Today de ne pas voter pour Trump...
Quel est donc ce "syndrome chaotique" dont parle Jonathan Rauch ?
Il semble que cela ne relève pas uniquement d'un phénomène purement américain.
Le fameux - et pour plusieurs fâcheux - Brexit serait, (entre autres) le dernier grand phénomène (en date d'aujourd'hui) dont la rhétorique anti-intellectuelle, anti-immigration, populiste et nationaliste épouse les positions de Trump.
Toute cette rhétorique est d'ailleurs bien palpable partout en Europe.
Le plus fâcheux, pour plusieurs Américains, demeure sans doute la radicalisation assez profonde du Parti Républicain, poussé à l'extrême par le mouvement dit du Tea Party.
Oui, les gens ont peur. Surtout ceux qui viennent de milieux blancs, ruraux et généralement peu scolarisés. Ceux-là se sentent écartés et trahis; les élites politiques traditionnelles ne comprennent pas leurs angoisses économiques dans un contexte de changement social, numérique et économique profond, combiné à une montée importante de l'immigration.
Quand on intègre le terrorisme à tous ces enjeux complexes, on force bien des gens à faire des choix de type binaire: you are with us or against us...
On entend souvent dire que le nombre de voteurs peu ou mal informés surpassent souvent le nombre de voteurs mieux ou bien informés. Quelle tristesse !
Au Royaume-uni, par exemple, des sondages indiquaient qu'une majorité de jeunes citadins (près de 70%) appuyaient le maintien dans l'Union européenne. Par contre, seuls 35% des voteurs âgés entre 18 et 24 ans sont allés voter... (Voir ici un aperçu de la répartition du vote anglais).
Est-ce par exemple ce qui incite un Michael Moore à prédire l'élection de Trump à titre de prochain @potus ?
Pour ma part, je crois que ce cher Donald ne sera pas élu président. Il me semble inconcevable que le peuple américain l'élise. J'espère voir juste !
Par contre, Trump aura profité d'une couverture de presse inouïe et toute cette aventure devrait être au moins bénéfique au personnage et à ses divers commerces.
Le Parti Républicain (GOP) devra quant à lui être reconstruit de fond en comble ! Les dommages sont considérables.
Au final, Trump aura sans aucun doute réussi un des plus grands coups de pub de la décennie. À quand sa prochaine série de télé-réalité ?
Stay Tuned...
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux