Alan Glass - A la memoria de Raymond Roussel, 2013. Caja, objetos varios, zapatos rojos.147 x 170 16 cm. Galeria Lopez Quiroga - Foto: Paolo Gori |
J'avais beaucoup entendu parler de lui par ma marraine dont il était un proche. Tous deux ne se doutaient probablement pas qu'ils se verraient pour la dernière fois en mars 2009, à l'occasion de la rétrospective que lui consacrait le Museo de Arte Moderno de la Ville de Mexico.
En ami fidèle, Alan l'appelait régulièrement les dimanches, à 11 heures précises. Ses appels lui procuraient d'ailleurs un énorme plaisir. Pour cela, même sans le connaître personnellement, je lui étais des plus reconnaissants. J'en compris d'ailleurs rapidement la raison dès notre rencontre. Alan Glass fait partie de ces êtres exceptionnels que le destin nous fait la grâce de mettre sur notre chemin.
Courte biographie
Né en 1932 à Saint-Bruno, Alan Glass a fréquenté l'École des beaux-arts de Montréal, dans le studio d'Alfred Pellan avec qui il a toujours maintenu le contact. Une bourse du gouvernement français (1952) le mène à Paris où il fréquente l'École des beaux-arts puis l'École du musée de l'Homme (dont l'influence sera plus déterminante dans son oeuvre).
Pour vivre à Paris, il doit pratiquer toutes sortes de petits boulots dont celui de vendeur à la Librairie Espagnole. Alan Glass a aussi déjà été caissier, voire portier, au sélect Club Saint-Germain. Petite anecdote que peu de gens connaissent: il aurait presque viré de bord nulle autre qu'un certain membre célèbre de la famille Grimaldi...qui ne voulait pas payer son entrée...et qu'Alan n'avait pas reconnu.
J'ai aussi entendu dire que Marguerite Duras aurait fait allusion à un certain "Alain qui dessine tout le temps" dans un de ses textes. Si vous savez lequel, merci de me le faire savoir !
En 1958 a lieu une première exposition à la galerie "Le Terrain Vague" à Paris où il fréquente les cercles associés à André Breton, Benjamin Péret et Alejandro Jodorowsky. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui présente Leonora Carrington avec qui il se liera d'une grande amitié; tous deux habiteront dans le même quartier de Mexico.
D'un crâne en sucre... aux constructions et boîtes surréalistes
Fasciné par la découverte d'un crâne en sucre, les calaveras de dulce, Alan Glass se rendra plusieurs fois au Mexique pour s'y établir définitivement dès le milieu des années soixante.
Si son esthétique prépondérante s'illustre au plan de l'assemblage et de la juxtaposition d'objets hétéroclites et de mots, notamment avec ses célèbres boîtes, Alan Glass a aussi produit bon nombre de dessins... et d'oeufs, dont le souci du détail demeure tout à fait ahurissant. Dans une entrevue accordée à Michelle Lasnier en 1965 (plus bas dans les liens complémentaires), il révélait son attrait pour l'orfèvrerie et les oeufs de Fabergé.
Alan Glass - Oeuf, sans-titre - 1978-1983, Collection particulière, Mexico |
Voici une construction de 1986. Impossible de ne pas sourire devant une telle oeuvre.
Alan Glass- ABAT-JOUR AJOURE - 1986 - Collection particulière. Claude Bernard Gallery, New York, 1991. Photo: Paolo Gori/ J. Paolo de Aguinaco ISBN 0-936827-21-1 |
En 2006, Tufic Makhlouf Aki réalise le film documentaire À travers le cristal d'Alan Glass (production Aube et Oona Elléouët-Breton).
Voici la bande-annonce:
Alan Glass (bande annonce par Sevendoc
Une rencontre marquante. Un dernier séjour au Québec ?
Dès notre premier contact, j'ai tout de suite adoré Alan Glass. Outre sa culture phénoménale, sa gentillesse et sa grande simplicité, ce qui m'a frappé le plus chez lui est son très fort désir de création. À l'aube de ses 81 ans, il nous révélait qu'il avait encore beaucoup à faire et que le temps devenait de plus en plus précieux... Quand je lui ai demandé à quel moment de la journée il préférait travailler, il m'a répondu tout simplement: " mais...tout le temps !".
Son séjour de près de deux semaines au Québec l'avait un peu fatigué. Il s'était rendu chez de nombreux amis et connaissances, se promenant entre les Laurentides et la Beauce, en passant par la capitale nationale. De son propre aveu, il s'agissait probablement du dernier voyage dans son pays d'origine.
Je sentais aussi chez lui une certaine fébrilité pour retrouver son atelier et sa maison. La création lui manquait, manifestement. C'est avec plaisir que je lui remis un vieil alcoomètre du début du 20e siècle, avec sa petite boîte en bois de forme cylindrique, objet ayant appartenu à mon grand-père Uguay. Il l'accepta avec plaisir. Qui sait, peut-être qu'un jour il renaîtrait dans une de ses propres Cajas d'objetos varios...
Le matin de son départ, j'ai insisté pour le reconduire à l'aéroport et l'aider à transporter ses bagages. Je tenais à le revoir une dernière fois, c'était plus fort que moi. Ces quelques heures passées chez moi l'avant-veille avaient été du pur bonheur; je crois aussi qu'elles avaient mis un baume sur mon coeur encore endeuillé par le décès d'Odette.
Merci Alan !
Avec Alan Glass, à l'aéroport international de Montréal, pour son vol de retour à Mexico, le 23 septembre 2013. |
Liens complémentaires:
Alan Glass: une oeuvre insolite (Michelle Lasnier - Vie des Arts, n° 40, 1965, p. 40-45/pdf)
http://www.erudit.org/culture/va1081917/va1201508/58416ac.pdf
Alan Glass- Biografia
Alan Glass- Biografia
http://arturovillegas.com/alan/biblio.html
Le miroir du merveilleux. Alan Glass le dernier des surréalistes (Jean-Paul Gavard Perret)
http://www.arts-up.info/JPGP/JPGP_Glass_Alan.htm
Le miroir du merveilleux. Alan Glass le dernier des surréalistes (Jean-Paul Gavard Perret)
http://www.arts-up.info/JPGP/JPGP_Glass_Alan.htm
México sigue siendo surrealista y siempre lo será: Alan Glass (Merry MacMasters-La Jornada)
http://www.jornada.unam.mx/2013/05/28/cultura/a04n1cul
Review of Zurcidos Invisibles, Susan Aberth (Bard University)
Journal of Surrealism and the Americas 3:1-2 (2009), 135-138 PDF
https://jsa.hida.asu.edu/index.php/jsa/article/viewFile/93/64
El ultimo de los surrealistas : Alan Glass (Sagrario Saraid)
http://sagrariosaraid.me/2013/05/28/el-ultimo-de-los-surrealistas-alan-glass/
Brigitte Morissette, qui vit à Mexico, est une des rares journalistes à avoir écrit sur Alan Glass au Québec.
Hiver surréaliste à Mexico
http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/220778/hiver-surrealiste-a-mexico
Indignation devant la sélection du FIFA
http://www.ledevoir.com/culture/cinema/182993/indignation-devant-la-selection-du-fifa
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux
http://sagrariosaraid.me/2013/05/28/el-ultimo-de-los-surrealistas-alan-glass/
À travers le cristal d'Alan Glass
Brigitte Morissette, qui vit à Mexico, est une des rares journalistes à avoir écrit sur Alan Glass au Québec.
Hiver surréaliste à Mexico
http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/220778/hiver-surrealiste-a-mexico
Indignation devant la sélection du FIFA
http://www.ledevoir.com/culture/cinema/182993/indignation-devant-la-selection-du-fifa
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux
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