GraphEdge est une nouvelle application de mesure dont le but consiste à évaluer l'ensemble des activités de votre compte Twitter : celles des personnes ou organisations que vous suivez (
Following)
et celles de vos adeptes
(Followers). Son but ultime consiste à devenir le
Google Analytics de Twitter, rien de moins.
Pour le moment, GraphEdge se concentre surtout sur l'évaluation quantitative en mesurant certains détails dit granulaires qu'on ne retrouve pas ailleurs.
Rentrons tout de suite dans le vif du sujet. Voici donc un aperçu des services de mesure de GraphEdge. Ci-dessous, une partie de l'interface d'accueil de mon compte.
Cliquez sur l'image pour agrandir :
On sera sans doute surpris de constater que, le 11 novembre 2009, 76% de mes 133 adeptes (Followers) sont considérés légitimes.
Bien que le fondateur de GraphEdge, Waldron Faulkner, m'avoue que le mot légitime (même en anglais) peut paraître un peu fort, voire hautain, (et qu'il sera éventuellement modifié par un terme soulignant plutôt le niveau d'attention des adeptes - Focused Followers Metric -), cette mesure sert à évaluer la véritable portée de mes messages (ou si vous préférez de mes coucous, gazouillis ou Tweets).
Pour obtenir cette mesure de légitimité (ou de concentration), GraphEdge considère le nombre total de mes adeptes (Followers) et y soustrait les éléments suivants:
1-Tout adepte qui suit plus de 2000 personnes est considéré irrégulier. En effet, avec un tel nombre, il est fort probable que cet adepte ne soit pas en mesure de suivre sérieusement mes messages (Tweets) et encore moins de les ReTransmettre (RT).
2- Tous les adeptes dont le compte a été suspendu par Twitter (et qui ne peuvent donc pas lire mes messages) sont également exclus.
De l'avis même du fondateur, le chiffre de 2000 demeure quelque peu arbitraire car GraphEdge peut soutenir un barème beaucoup plus grand selon les caractéristiques spécifiques d'un utilisateur. D'une part, il fallait bien y établir une limite - pour rendre plus mesurable ce type de données -, et d'autre part, je conçois très bien l'argumentaire de base en matière de capacité de suivi et de ReTransmission (RT). C'est assez logique après tout.
Mais je me demande comment une personne comme Guy Kawasaki - qui compte près de 190 000 adeptes (Followers) et qui en suit presque tout autant (Following) - réagirait en apprenant que l'application peut le considérer comme étant irrégulier (ou illégitime).
Plus près de chez nous, la même question se pose avec une Michelle Blanc qui, forte de ses 7000 adeptes, en suit elle aussi presque tout autant (dont moi). Dans cette optique, qu'est-ce que ça prendrait pour que madame Blanc s'intéresse à un de mes messages et qu'elle le retransmette ? D'abord il faudrait qu'il soit "saprement" pertinent. Ensuite il faudrait qu'elle le voie ! Si seulement 30% des gens qu'elle suit envoient trois messages chacun (Tweets) durant la journée, c'est 630 Tweets ! Mes chances sont minces. Et je n'ose même pas m'imaginer comment Guy Kawasaki peut gérer le nombre de messages qu'il reçoit en une seule journée. Faudrait-il avoir recours au message direct (DM) ou aux listes disponibles depuis peu ?
Cette question du nombre de personnes qu'on peut effectivement (efficacement ?) suivre m'interpelle. Je comprends volontiers l'avantage de profiter d'un grand volume d'adeptes (Followers) mais je m'interroge encore beaucoup sur la capacité de pouvoir en suivre tout autant (Following). Le quota de base de GraphEdge ne fait qu'augmenter mon questionnement à ce sujet. J'y reviendrai plus loin.
L'importance de la mesure
Il n'en reste pas moins que toute personne ou organisation sérieuse doit comprendre ce qui se passe avec ses réseaux sociaux et Twitter est en train de devenir un actif important de l'arsenal.
Ce type de mesure peut être utile pour une organisation qui souhaite, dans sa stratégie de médias sociaux, une présence Twitter avec un fort volume d'écoute. Par le biais de son site, de son blogue, d'une publicité numérique (GoogleAds par exemple) ou encore traditionnelle, l'organisation voudra mesurer le succès de sa campagne Twitter. GraphEdge permet donc d'évaluer la qualité et la pertinence des adeptes en mesurant leur probabilité d'écoute. Pour la quantité brute, Twitter s'en charge même s'il est possible de bloquer de nouveaux adeptes (je l'ai fait à quelques occasions).
Mes adeptes (Followers)
La seconde partie de l'interface offre un aperçu du nombre de personnes/organisations que mes adeptes suivent (colonne de gauche) en nombre et en pourcentage. La colonne de droite illustre les autres adeptes (ou amis "Twitteurs") de mes propres adeptes considérés les plus pertinents. Le second tableau concerne mon compte.
On pourra se demander pourquoi, par exemple, emergent007 (Claude Malaison) obtient un score de 39 (le plus haut) avec 41% de mes adeptes qui le suivent alors que Michelle Blanc obtient un score de 30 avec 50% de mes adeptes qui la suivent également, tandis que Guy Litalien obtient seulement trois points de moins (27) que Michelle Blanc alors que seulement 15% de mes adeptes suivent Guy Litalien ? Je reviendrai plus loin sur les données du premier tableau (graphique de droite).
GraphEdge me permet d'obtenir un peu plus de détails sur les activités de suivi (Followers) et d'abandon (Unfollow Activity) de mon compte Twitter.
La loyauté (Loyalty) est une mesure de durée catégorisée en diverses typologies (loyauté actuelle, historique et depuis mon abonnement/essai à GraphEdge) parmi ma base d'adeptes réguliers. Le "taux de roulement" (Churn) concerne le taux d'abandon (un-follows) par rapport à la taille (nombre) de ma base d'adeptes.
Notez aussi que dans la section My Followers (Detailed Follow/Un-Follow Activity), j'obtiens le nombre et le nom du compte Twitter de mes nouveaux adeptes. J'obtiendrais aussi des données semblables de ceux qui m'abandonnent (Unfollow).
Le second niveau de réseautage
Qui sont les autres "Twitteurs" que mes adeptes suivent ? Les "pairs de mes pairs" font partie de mon réseau dit de second niveau. GraphEdge comptabilise les adeptes de mes propres adeptes (followees of my followers).
Par contre, pour ses fins de calcul, l'application ignore mes adeptes qui à leur tour suivent plus de 2000 personnes. GraphEdge explique que c'est pour conserver, d'une part, des chiffres plus mesurables mais aussi, comme on l'a vu plus haut, parce que quiconque suit autant de personnes n'est probablement pas capable de surveiller (monitorer) les messages ou Tweets de tout ce beau monde, y compris les miens.
Bien que Michelle Blanc soit la plus populaire avec 50% des mes adeptes qui la suivent (colonne de droite/9e rang et première dans la colonne de gauche), c'est Claude Malaison (emergent007) qui remporte le plus haut score de pertinence, suivi d'assez près de Sophie Labelle.
Michelle Blanc suit elle-même près de 7 000 personnes, tandis que emergent007 en suit un peu plus de 1 000 et Sophie Labelle, un peu plus de 775. Guy Litalien (qu'on ne voit pas sur le graphique de droite) arrive en 12e position en ne suivant que 25 personnes.
Je comprends donc que c'est sur le plan du nombre de personnes que nos adeptes suivent (Followees of Followers) que la mesure de pertinence entre en jeu. Mais cette mesure de pertinence n'écarte pas personne pour autant.
Autre fait intéressant, tropcurieux (Jonathan Bergeron) arrive au 9e rang à titre de Twitteur le plus populaire chez mes adeptes (colonne de gauche). Et pourtant, je ne suis pas (follow) tropcurieux (pas encore du moins) et il ne fait pas partie de mes adeptes non plus. Idem pour Bruno Guglielminetti (5e rang).
L'analyse de ce second niveau de réseautage me permet d'identifier d'autres Twitteurs et d'évaluer, éventuellement, non seulement leur influence mais aussi leur pertinence. S'agit-il de pairs ou de compétiteurs ? Qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre importe peu. L'information que je peux tirer de leurs activités me fournit l'occasion d'identifier et d'anticiper des enjeux et, le cas échéant, d'agir ou de réagir promptement.
Followers contre Following et la probabilité d'écoute
Je conçois très bien le souhait de vouloir être suivi par un grand nombre d'adeptes (Followers). C'est un but louable visant des objectifs de notoriété, de crédibilité, de réputation et d'influence, entre autres. Mais qu'en est-il de vouloir suivre (Following) à son tour des milliers de personnes ? Est-ce possible sinon même crédible ? Est-ce une question d'image (dans le sens le plus galvaudé des relations publiques) ?
C'est sans doute à cette question que GraphEdge a tenté de trouver une réponse en établissant qu'un adepte (Follower) pertinent et régulier, donc disposé au moins à remarquer vos messages (Tweets) ne peut pas suivre (Following) plus de 2000 personnes ou organisations. Quoique ce barème ne soit pas absolu, il démontre tout de même une sensibilité à la probabilité d'écoute.
Par ailleurs, la véritable pertinence sera toujours établie par l'être humain et non par un algorithme, quelle que soit la typologie des Twitteurs : vos adeptes, ceux que vous suivez et tous les autres qui les suivent à leur tour.
Voici une typologie de Twitteurs ( il y en a sans doute plusieurs autres):
Type 1: Tu me suis. Merci. Parce qu'il s'agit d'un média social dont la nature doit (peut) être bidirectionnelle (symétrique?), je me dois te te suivre aussi. Je veux (et je peux) en savoir autant sur toi que toi sur moi. Mon compte Twitter est un canal bidirectionnel de communication... Un de tes Tweets demeure toujours susceptible d'être remarqué et même ReTransmis (RT). Je suis autant disposé à donner qu'à recevoir. Je crois pouvoir élargir mon réseau autant en suivant qu'en étant suivi.
Type 2 : Je suis le pourvoyeur d'information par excellence. Je considère Twittter comme un canal unidirectionnel d'information. Tu peux me suivre mais sois assuré que je ne te suivrai pas...ni personne d'autre d'ailleurs. Je n'ai rien à apprendre des autres. Le média, c'est moi.
Type 3: Merci à tous mes adeptes mais comprenez bien que je ne peux à mon tour suivre tout le monde non plus. J'ai d'autres choses à faire. Je ne suivrai donc que quelques personnes ou organisations qui demeurent les plus pertinentes pour moi.
Quel que soit le type, en comprenant mieux les attitudes et les comportements
Twittter des personnes qu'on suit (
Following) et de nos adeptes (
Followers), on peut mieux distinguer les leaders (en matière d'influence ou de réputation par exemple). Une organisation (ou une personne) pourrait également élaborer des messages (
Tweets) en fonction des besoins, des goûts ou des affinités de ces personnes. Ces messages seraient par ailleurs plus susceptibles d'être ReTransmis (RT). C'est ce genre de compréhension que procure l'application.
Quel avenir pour GraphEdge ?
Je vous ai présenté quelques unités de mesure de l'application (toujours en mode bêta). Il y en a d'autres et surtout, il y en a plusieurs autres sur la table à dessin.
Quelques exemples:
Les versions à venir comprendront des données concernant les adeptes les plus actifs, les plus pertinents et les plus concentrés (
focused). L'analyse textuelle demeure aussi dans ses cartons et fait partie de ses R&D. Il y a aussi une possibilité que l'application offre un nuage de mots (
tag-cloud) à propos des sujets de l'heure en provenance des adeptes les plus actifs. Ce sera à suivre.
En attendant, il est à souhaiter que le
principe de la longue traîne soit généreux pour GraphEdge. Il m'apparaît évident que derrière l'application se trouvent des gens sérieux qui réfléchissent et qui travaillent fort pour offrir un outil de mesure pertinent.
Je conseillerais donc à toute personne ou entreprise de mesurer ses activités Twitter et à en faire l'essai. GraphEdge offre une période gratuite de 14 jours.
La question du prix:
Les prix sont basés sur le nombre d'adeptes (
Followers) puisque c'est l'unité de mesure sur laquelle GraphEdge calcule les données; le nombre demeure aussi une indication maîtresse de la valeur de notre réseau Twitter.
Jusqu'à 10 000 adeptes (US $1,99 par mois)
Jusqu'à 50 000 adeptes (US $4,99 par mois)
Jusqu'à 120 000 adeptes (US $9,99 par mois)
Il me semble que ces prix sont plus que raisonnables. Par contre, au-dessus de 120,000 adeptes. il se pourrait que GraphEdge ne soit pas en mesure d'offrir un prix aussi sensé.
Informations contextuelles et supplémentaires:
La "gang" de Steven Gillmor (
TechCrunch) comprend habituellement des gens comme Robert Scoble, Doc Searles, Michael Arrington, Loïc Lemeur et Dave Farber (entre autres). Les invités de Gillmor sont tous issus du monde des TIC et des médias.
On y discutait donc de l'écosystème de Twitter: des nombreux développeurs d'applications qui s'y greffent, de ses répercussions sur le "vieux monde" du RSS par rapport au nouveau monde du microblogue en temps réel, de décentralisation, de mesure et d'avenir...
C'est surtout grâce à
Laura Fitton, une des invitées du Gillmor Gang (et la fondatrice de
oneforty.com ) que ma curiosité a été piquée envers l'application.
Pour ceux que cela intéressent, l'émission du 8 octobre 2009 est accessible
ici.
Enfin, suite à mon essai de GraphEdge, j'ai voulu en savoir davantage et c'est ainsi que le fondateur,
Waldron Faulkner, a aimablement répondu à mes questions. Je le remercie d'avoir accepté d'enrichir les informations divulguées dans ce billet.
Merci de votre lecture !