Andrew McAfee, à qui on attribue la paternité du terme Entreprise 2.0 est aussi un des chercheurs du Center for Digital Business au MIT Sloan School of Management.
Lors d'une entrevue vidéo (octobre 2009) accordée au groupe McKinsey & Company à l'occasion de la parution de son livre Enterprise 2.0: New Collaborative Tools for your Organization's Toughest Challenges (Harvard Business Publishing), McAfee y révèle plusieurs observations intéressantes sur les défis de l'entreprise.
McAfee rappelle par exemple les débuts de l'expérience de Wikipedia dont les dirigeants tenaient à imposer des tâches et des rôles précis à tous ses collaborateurs : rédacteurs, réviseurs, analystes, traducteurs, éditeurs, etc.
Cependant, la grande encyclopédie du Web allait véritablement prendre son envol à partir du moment où les tâches et rôles divers n'étaient plus attribués par les dirigeants. Autrement dit, le succès est apparu quand on a permis aux gens de jouer le rôle de leur choix...
Adoption des outils de collaboration en entreprise: deux écoles de pensée
Quant on songe à la façon d'intégrer et/ou de faire adopter les outils de collaboration en entreprise (avec leur volet important de média social), deux approches (ou écoles de pensée) offrent une piste intéressante.
Il y aurait la piste ascendante (bottom-up approach) qui demeure très populaire (et toujours valable selon McAfee) puisque on laisse aux gens le choix (et le soin) d'apprivoiser et d'intégrer les outils en souhaitant que leurs activités "percolent " vers le haut.
Puis il y a la piste descendante (top-down approach) qui demeure préférable, selon McAfee, puisqu'elle signale de façon très claire aux employés la direction que souhaitent prendre les dirigeants de l'entreprise en rapport avec les outils de collaboration. De plus, comme l'adoption de ces outils présente un grand changement pour les travailleurs plus âgés, ces derniers préfèreraient recevoir un signe sans équivoque des patrons.
Il y aura toujours certaines catégories de travailleurs qui adopteront plus rapidement des outils de médias sociaux pour collaborer; il s'agit de canaliser leur énergie, de les encourager et de se servir de leur élan pour inciter les autres à s'en servir. Ici encore, la patience est de mise.
Par ailleurs, si l'utilisation de blogues par les dirigeants rend McAfee optimiste, il regrette cependant que certains de leurs contenus ressemblent trop à des communiqués de presse officiels et s'éloignent ainsi de la nature du blogue qui exige de la transparence et surtout de l'authenticité. Et dans le pire des cas, la section des commentaires n'est pas ouverte...
Enfin McAfee souligne les types d'appréhensions qu'ont certains travailleurs quant aux risques perçus par l'utilisation des médias sociaux en entreprise.
Quelles que soient les technologies, McAfee invite d'abord les entreprises à se poser quelques questions fondamentales: quels sont les problèmes qu'on tente de résoudre ? Comment ces technologies peuvent-elles améliorer la productivité et l'échange d'informations ? Il cite en exemple les travailleurs du secteur du renseignement américain qui ont eu plusieurs défis à relever depuis un certain 11 septembre 2001, ainsi que l'entreprise Lockheed Martin dont certaines activités de développement doivent rester confidentielles à cause de la nature concurrentielle de son industrie.
Voici l'entrevue (durée: 10:30 min. approximativement)
Merci de votre lecture.
Patrice Leroux
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