19 décembre 2011
Médias sociaux 201 de Michelle Blanc
Impossible de clore l'année sans parler de la seconde publication de Michelle Blanc - Les médias sociaux 201- parue cet automne. J'avais d'ailleurs souligné l'importance de la toute première dans un billet intitulé le Best-Of.
Alors que Les médias sociaux 101 met l'accent sur le fond, en misant notamment sur le potentiel des médias sociaux pour les organisations et souligne ses écueils, la seconde publication vise plutôt le développement et l'élaboration de stratégies et de tactiques: le comment.
Il s'agit là d'une entreprise un peu plus périlleuse compte tenu de la rapidité d'évolution des canaux et des plateformes du Web 2.0. Cependant, à travers les six grandes phases de développement retenues par l'auteure, soit l'écoute et la veille, la création de profil, la création de contenus, sa distribution et sa promotion, le développement d'une communauté puis un certain retour vers la veille à des fins d'analyse et de mesure, on ne perd jamais l'essentiel de vue.
C'est bien là le principal tour de force de ce deuxième ouvrage : expliquer les avantages et les inconvénients des outils et des tactiques mais sans jamais mettre de côté les grandes questions de fond, dont celle, fondamentale, d'arrimer les médias sociaux aux objectifs organisationnels.
Les grandes phases de développement, présentées en autant de chapitres, sont précédées de deux autres: un premier qui déboulonne quelques bons vieux mythes tenaces associés aux médias sociaux et un second qui explique les différences entre réseaux et médias sociaux, et notamment entre Facebook et Twitter. La table est donc bien mise pour ce qui va suivre.
Chacun des chapitres (ou phases de développement) est soutenu par des exemples tirés de cas personnels ou sélectionnés pour leur intérêt et probité. Ils sont accompagnés de nombreuses ressources ou liens qu'on peut retranscrire très facilement puisque l'auteure a pris la peine de les colliger par le biais du racoursisseur de lien bit.ly (on retrouve le même procédé dans le premier livre aussi).
La troisième phase (création de contenus) est particulièrement bien étoffée. Seule petite ombre au tableau, l'absence (ou la mise au rancart délibérée ?) du phénomène de la curation web (mon dada en 2011). En fait, le mot n'apparaît nulle part. Pourtant, on en a parlé amplement cette année encore, notamment parce que la curation web permet - selon certaines conditions - de bonifier le marketing des informations d'une entreprise et de la positionner à titre de prescripteur (thought-leader) sur un thème pour lequel elle est légitime.
En cette ère de surabondance d'information, la tactique devient de plus en plus éprouvée. À preuve cette expérience de curation web chez IBM. C'est d'autant plus curieux car Michelle Blanc, tel le M. Jourdain de Molière qui faisait de la prose sans le savoir, est sans aucun doute une des meilleures curatrices web du Québec, sinon de la francophonie.
Les relationnistes, entre autres, apprécieront sûrement le chapitre portant sur la promotion des contenus et l'élaboration d'une liste de "twittereurs" et de blogueurs pour un événement. Ils noteront aussi la discussion portant sur la différence entre stratégie et tactique. Les diverses approches proposées par Jeremiah Owyang quant à l'intégration d'équipes sur les médias sociaux y sont aussi abordées.
Par ailleurs, l'enjeu du retour contre investissement (ROI) propose aussi une bonne vue d'ensemble en soulignant bien les diverses mesures qu'on peut lui associer, dont les impacts non-financiers (plus communs) et financiers (plus rares).
Enfin, si je recommande l'achat de ce deuxième livre pour tous ceux qui doutent encore (le premier demeure tout aussi pertinent), je m'en voudrais de passer sous silence l'intimidation dont Michelle Blanc est victime, encore aujourd'hui.
Le blogueur Renart Léveillé a fait plus que sa part pour dénoncer ces actes d'intimidation et de méchanceté tout à fait gratuites dans ce billet. Il semble bien que le fait de vouloir être mieux dans sa peau - y compris par un moyen aussi draconien qu'un changement de sexe - dérange bien du monde, et certains plus que d'autres...
Pour ma part, je m'interroge sur les véritables motivations à l'origine de ces comportements. S'agit-il d'une propre maltraitance subie en enfance et qui se reproduit à l'âge adulte ? D'un refoulement ? D'un "mystère douloureux" ?
Quoi qu'il en soit, ce qui me vient à l'esprit, ce sont des cas documentés d'arroseurs-arrosés, comme celui de ces militants anti-gais notoires (politiciens et religieux compris) qui ne se sont jamais acceptés eux-mêmes... à titre de gais.
Ou encore, du cas du télévangeliste américain Jimmy Swaggart qui dénonçait avec véhémence les agissements de ses propres homologues déchus... jusqu'au jour où il se faisait prendre les culottes baissées ! Et plus récemment, que penser de ce représentant républicain du Rhode-Island, grand pourfendeur de pot, arrêté pour possession... de pot !
On a beaucoup parlé des ravages du harcèlement et de l'intimidation à la fin du mois de novembre 2011, notamment avec le triste cas de l'adolescente Marjorie Raymond. Mon collègue Mario Asselin a d'ailleurs écrit un excellent texte à ce sujet, curieusement publié ici. En effet, le "timing" entre le texte ci-dessus de Renart Léveillé et surtout, le lieu de publication du texte de Mario m'ont rendu assez perplexe. L'intimidation est-elle plus inacceptable quand il s'agit d'ados que lorsqu'il s'agit d'adultes ? Je ne le crois pas.
Merci de votre lecture !
Patrice Leroux